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d’Etat les a-t-il respectés ? Non, car il conteste aux catholiques « la propriété de leurs églises, la liberté du culte extérieur, la liberté de leurs cimetières chrétiens, le caractère religieux de leurs écoles, la liberté de l’enseignement, la liberté de leurs associations religieuses. Donc, conclut Mgr Mermillod, je ne puis accepter vos arrêtés, inexacts dans les considérans, illégaux dans leurs conclusions, et remplaçant l’équité, le droit, la loi, par des mesures oppressives… Catholique, prêtre, évêque, j’en appelle au Saint-Siège, gardien de nos droits et protecteur des opprimés. Citoyen genevois, j’en appelle au bon sens et à l’impartialité de, mes compatriotes. »

A la protestation de Mgr Mermillod, les curés du canton s’empressent de joindre la leur. Ils dénoncent dans les arrêtés « un complet oubli des droits de la conscience ainsi qu’une violation de la liberté des cultes et de la liberté de l’Eglise catholique, l’une et l’autre solennellement garanties par les constitutions fédérale et cantonale. » C’est pourquoi « nous protestons : 1° que nous reconnaissons pour notre évêque celui qui nous est donné par le Pape et que nous n’en reconnaissons pas d’autre, 2° que nous ne pouvons admettre aucune entrave à nos communications avec notre chef ecclésiastique. »

La guerre était déclarée. L’ère des pires violences allait s’ouvrir. Le 11 octobre, le conseil d’Etat invitait, pour la forme, Mgr Marilley à pourvoir à la cure de Genève. Bien entendu ce prélat déclinait l’invitation, et le conseil d’Etat se décidait alors à annoncer « au peuple genevois » son intention de proposer, dans la prochaine législature « des modifications importantes dans les formes organiques de l’Eglise genevoise. »

Les élections de 1872 se firent sur la question religieuse. On sait qu’elles furent favorables au gouvernement. Le 10 janvier 1873, Pie IX érigeait par bref le canton de Genève en vicariat apostolique, avec, bien entendu, pour vicaire apostolique Mgr Mermillod. Lecture fut faite de ce bref, dans toutes les églises. Le gouvernement supprima pour trois mois le traitement des curés. Entre temps, le nonce Agnozzi portait le bref du 16 janvier à la connaissance du président de la Confédération. Le conseil fédéral répondit que le Saint-Siège n’avait le droit d’apporter aucune modification aux circonscriptions diocésaines de la Suisse sans le consentement des pouvoirs publics du pays. En conséquence, la Confédération refuse de reconnaître le nouveau