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Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 41.djvu/217

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de la Dette publique, actionnaires et obligataires de sociétés hypothécaires ou foncières, titulaires de créances ou de participations directes. Que devient notre gage ? doivent se demander ceux d’entre eux qui entendent parler des difficultés actuelles ?

Il est certain qu’on a spéculé sur les terrains de construction du Caire et d’Alexandrie presque autant que sur les valeurs, de façon à doubler, à tripler, voire à décupler leurs prix en trois ou quatre ans. Les causes qui ont déterminé la baisse des titres ne sauraient, dit-on, tarder à s’exercer sur ces immeubles. En revanche les propriétés agricoles n’ont jamais fait l’objet que de transactions normales, à des prix motivés par la considération du revenu. Tant que leur rendement se maintiendra, on ne voit pas ce qui pourrait les déprécier.

C’est, disent les pessimistes, la restriction du crédit indispensable aux agriculteurs pour préparer la récolte et vivre en attendant de l’avoir vendue. Déjà, ajoutent-ils, la disette monétaire a eu sa répercussion sur le marché de cotons et sur celui des céréales. Les achats de coton aux producteurs ont lieu d’ordinaire dès maintenant ; ils sont payés, pour un quart environ, à la conclusion du marché, et le surplus en octobre ou novembre, au moment de la cueillette, de façon à permettre aux vendeurs d’en faire les frais. Cette année, les commissionnaires et les marchands ne peuvent se procurer l’argent nécessaire aux avances ; aussi les propriétaires commencent-ils à se sentir gênés, et d’autre part les courtiers qui ont vendu le coton à terme, prévoyant l’impossibilité où ils seront de satisfaire aux livraisons, s’efforcent de racheter leurs engagemens. Il est résulté de cette situation, née du refus de tout crédit par les banques d’Egypte et surtout par celles d’Europe, une hausse persistante du cours des contrats à terme sur le coton, et une baisse du blé, des fèves, etc., que les cultivateurs sont forcés de vendre pour se procurer des ressources, à défaut des arrhes qu’ils recevaient les années précédentes sur le prix de leur coton. Des mesures exceptionnelles ont dû être prises à la Bourse des marchandises d’Alexandrie : moratorium, fixation d’autorité des cours de compensation, mesures qui ont été acceptées, non sans abnégation et qui ont, paraît-il, sauvé de la faillite un très grand nombre de courtiers, On peut se demander toutefois si les filateurs européens ne profiteront pas de cette situation pour forcer les commissionnaires d’Alexandrie à vendre le coton à des prix de famine dont les