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Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 41.djvu/353

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double intérêt de ces lettres : outre qu’elles nous apportent le reflet de la vie en Toscane, elles nous font mieux comprendre comment l’image de la terre natale restait toujours présente à l’esprit du voyageur. C’est de leurs pages que se dégageait cette intime poésie dont Lamartine a fait les vers de Milly.


L’ « ÉCLAT DE RÉPUTATION TOUJOURS CROISSANT »

Lamartine avait de toutes manières et parfaitement réussi à Florence. Pendant les dix mois où il dirigea seul la légation, il avait fait ses preuves de tact et d’habileté[1]. C’est pourquoi, lorsqu’il quitta l’Italie, ne pouvant s’entendre avec le nouvel ambassadeur, le baron de Vitrolles, et qu’il vint à Paris, pour rendre compte au ministre de sa mission et recevoir du Roi l’audience d’usage, il trouva sa situation singulièrement grandie. On songeait à lui pour les premiers postes, et loin que son rôle de diplomate eût nui à sa réputation d’écrivain, son nom était sur toutes les lèvres.


9 octobre 1828[2].

Un mot seulement, ma chère Marianne, entre cent mille visiteurs et affaires. Je me porte bien et je vous aime… Au ministère, on m’accueille à ravir, M. de Rayneval est parfait. Il n’y a pas de doute qu’avant cinq ans je ne sois ministre. On m’enverra d’abord à une des grandes Cours du Midi ou peut-être à Londres. Je vais insister sur ce dernier point qui m’arrangerait mieux qu’un autre par sa proximité. Je suis un peu ruiné par mes comptes ici comme là-bas, et je suis forcé de donner mille francs à cette pauvre famille de ce brave J… qui vit dans la détresse. C’est une œuvre indispensable et qui nous sera rendue là-haut.


10 octobre[3].

Bois le Comte qui est maintenant à la tête de l’intérieur de notre ministère sort de chez moi. Il est venu me dire que l’intention du ministère était de m’envoyer à Londres en premier où je convenais éminemment, mais que le Roi ayant demandé impérativement la place pour M. le comte de Vaudreuil, on me demandait si je voulais aller de suite en Espagne comme secrétaire provisoire, ou, dans le cas où je trouverais ce poste au-dessous de moi, comme on s’y attendait, me promettre Londres après M. de Vaudreuil qui assure ne devoir pas y rester plus d’un an ou dix-huit mois, après quoi il a parole du Roi de passer ministre. J’ai répondu que, si on me nommait

  1. Voir : Lamartine diplomate, par le comte Ed. Frémy.
  2. A Mme de Lamartine Alphonse, à Mâcon.
  3. A la même.