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faiblesse des syndicats se reflètent dans ces deux courans contraires.


III

De même que les rapports entre les syndicats et les socialistes, la question coloniale, question non plus d’administration intérieure, mais d’action dans les parlemens, était imposée au Congrès de Stuttgart par les circonstances.

Le caractère de la politique actuelle des grands États industriels, c’est l’Impérialisme, la conquête de nouveaux territoires, de nouveaux marchés, pour en tirer les matières premières et écouler leurs produits. Le Congrès d’Amsterdam avait fait un devoir aux partis socialistes de combattre, dans leurs parlemens respectifs, toute politique impérialiste ou protectionniste, toute expédition coloniale, de refuser le vote de tout budget militaire, de tous subsides coloniaux, et de dénoncer en même temps à l’opinion publique toute violence faite aux natifs par la classe capitaliste, tous les actes de cruauté et d’exploitation.

Cette propagande n’a pas obtenu le succès qu’en espéraient les socialistes, car ils ont constaté que, depuis Amsterdam, l’Impérialisme a toujours été s’accentuant. L’Angleterre au Thibet, les États-Unis aux Philippines, le Japon en Corée, la Belgique au Congo, la France au Maroc, les Allemands chez les Herreros, témoignent du progrès qu’a fait la politique coloniale dans la classe capitaliste de tous les États civilisés. Elle ne gagne pas seulement les capitalistes, elle tente aussi en Belgique, en Angleterre, en Allemagne, de petits groupes socialistes qui, soit par opportunisme, soit parce que les colonies ont cet avantage de développer rapidement les forces de production au profit indirect de la classe ouvrière, sont tentés de tenir compte de ce courant impérialiste. Une des causes de la débâcle électorale des social-démocrates a été justement leur intransigeance à l’égard de l’Impérialisme si populaire dans toutes les classes. Mais ces aspirations conquérantes, ces nouvelles fondations de colonies rendent plus imminent le danger de conflits internationaux. Combattre l’esprit colonial, c’est combattre le militarisme sous sa forme la plus aiguë.

C’est pourquoi le Bureau international, à l’unanimité, avait décidé de reprendre les vues exprimées à Amsterdam, de les