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Et, à une énorme majorité, le Congrès a donné raison à la Commission et à M. Troelstra : 212 voix 1/2 se sont prononcées pour et 18 1/2 contre, dont 11 en France, 3 en Italie et 4 1/2 aux États-Unis. La seule satisfaction accordée à M. Vaillant a été de tolérer la lecture de sa déclaration dont nous avons indiqué la teneur. Ainsi ont été annulées les décisions de Limoges et de Nancy. M. Guesde, partisan passionné de l’union entre parti et syndicat, a obtenu du Congrès international contre M. Jaurès et M. Vaillant une éclatante revanche. C’est en même temps une victoire remportée par les Allemands contre la majorité de la section française et la Confédération du Travail, profondément antipathique à tous les pays, aussi bien aux syndicats belges, allemands, anglais, qu’aux partis politiques. Mais quelle en sera la sanction ?

Au lendemain du Congrès d’Amsterdam, M. Jaurès se soumit à la décision qui lui enjoignait de se séparer du bloc radical. Cette fois, il a presque tout le Congrès contre lui. Il lui est ordonné, ainsi qu’à M. Vaillant, d’avoir à s’entendre, à se combiner avec la Confédération générale du Travail, en obligeant celle-ci à se convertir à l’action parlementaire. Et assurément M. Jaurès est plein de bonne volonté. Cette entente avec la Confédération, cette union légitime, sont justement tout ce qu’il souhaite. Mais pour qu’il y ait accord, le consentement des deux parties est une condition indispensable. Or jamais fiancée ne se montra plus récalcitrante que ladite Confédération, ne se refusa plus obstinément à prononcer le oui sacramentel. Les citoyens Pouget et Griffuelhes se moquent des décisions des congrès socialistes ; si nous faisions usage du vocabulaire de M. Hervé, nous dirions même qu’ils s’en « fichent. » Ils l’ont déclaré insolemment dans l’Humanité même, où M. Jaurès avait eu la prévenance de leur ouvrir une tribune, désormais fermée. C’est tout ce qu’il y a de changé. La décision de Stuttgart semble destinée à rester lettre morte, à n’être qu’un papier, du moins pour les socialistes français, tant que M. Jaurès n’aura pas réussi à introduire subrepticement ses amis dans la Confédération, pour la gouverner avec eux.

Le haut intérêt de cette discussion sur les syndicats vient de ce qu’elle révèle leur ascendant croissant à l’égard des partis politiques, en Allemagne dans le sens de la modération, en France dans la voie de l’action révolutionnaire. La force et la