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orateurs, chefs politiques, les intellectuels parmi les juifs forment, depuis Karl Marx et Lassalle, l’état-major de l’Internationale rouge, organisée en partie par eux, en opposition à l’Internationale dorée où leurs coreligionnaires jouent pourtant un rôle qui n’est pas moindre.

Ce monde de dirigeans si mêlé où se rencontrent à côté d’aventuriers, de déclassés, des enthousiastes, des fanatiques, ne doivent pourtant pas faire oublier que les trois quarts jusqu’aux cinq sixièmes de toutes les unions prolétariennes étaient représentées au Congrès. Les directeurs de ces Unions sont, pour la plupart, des esprits pratiques, des administrateurs remarquables. Ils formaient les meilleurs élémens du Congrès, et, au point de vue des résultats, il serait sans doute à souhaiter que la direction de l’Internationale passât entre leurs mains. La seule question d’un intérêt exclusivement ouvrier, l’émigration et l’immigration des travailleurs, a été à peine effleurée à Stuttgart, bien qu’elle figurât à l’ordre du jour. Le président a même refusé d’accorder la parole à un délégué anglais qui représentait des centaines de mille de commettans. Seule la politique passionne ces politiciens qui ne visent qu’à dominer, tandis qu’ils persuadent aux ouvriers qu’ils ne combattent que pour la cause sainte et sacrée du travail et de la paix[1].

J. Bourdeau.
  1. Sur le Socialisme international et le Congrès on consultera avec fruit : Werner Sombart, Sozialismus und Soziale Bewegung, 3e édition, 1905, le meilleur ouvrage et le plus complet sur l’ensemble du mouvement socialiste contemporain, théorique et pratique. — Du même auteur, dans la Revue Morgen (Berlin), nos 11 et 12, deux articles sur le Congrès international de Stuttgart. — Michels, un socialiste allemand, a publié dans l’Archiv für soziale Wissenschaft und Soziale Politik, juillet 1907, un long et intéressant réquisitoire contre la Social-démocratie allemande. — Dans la Revue socialiste, août, M. Fournière, sous ce titre : la Course à l’abîme, prédit à M. Jaurès, poussé par les anarchistes, la culbute au bout du fossé. — Les Sozialistische Monatshefte, juillet, août 1907. — La Neue Zeit, 31 août. — Les Temps nouveaux, 31 août. — La Revue Bleue du 7 septembre, Socialisme français et Socialisme allemand, par M. Paul Louis. — Les rapports en deux volumes des organisations ouvrières publiés par le Bureau international socialiste, Bruxelles, 1907, — Les délibérations du Congrès dans le Vorwaerts du 24 au 26 août.