Si dans cette troupe brillante de jeunes femmes, qui embellirent les derniers jours de la cour de Versailles, la comtesse de Polastron[1] nous a attirés par le charme de sa grâce mélancolique et tendre, il est une autre figure qui trouve sa place auprès d’elle. Cette séduisante physionomie qui mérite de nous retenir, non pour faire ressortir une ressemblance, mais pour marquer un piquant contraste, c’est Anne Jacobé de Gaumont la Force comtesse de Balbi, toute-puissante favorite du Comte de Provence[2].
Mme de Balbi connut la plus haute faveur en même temps que la fille du comte d’Esparbès de Lussan, mais c’est là le seul rapprochement qu’on puisse établir entre elles. Leurs goûts, leur tempérament offrent les plus frappantes divergences, et si, durant un temps, les fortunes sont égales, elles ne servent qu’à accentuer encore une rivalité, pour ne pas dire une hostilité qui ne cessera de se traduire à Versailles comme en exil.
En suivant les deux femmes à travers toutes les phases de leur existence accidentée on peut voir qu’à aucun moment on ne les trouvera réunies et que dans nulle circonstance on ne les rencontrera amies ou alliées.
Dès le début, leurs devoirs respectifs doivent d’ailleurs servir l’antipathie de leurs caractères, car les deux maisons auxquelles