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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




Le scandale causé par l’attitude et par le langage de nos socialistes à Nancy et à Stuttgart a produit dans le monde radical une émotion qui, au premier moment, a été très vive : mais sera-t-elle durable et produira-t-elle des effets appréciables sur la composition de la majorité parlementaire et sur la direction de la politique gouvernementale ? Il n’y aurait pas de doute à cet égard si on s’en tenait aux premières manifestations des radicaux. Nous sommes en vacances ; le parlement est dispersé ; la tribune est silencieuse ; l’opinion manque provisoirement de son organe le plus retentissant. Mais les journaux s’efforcent d’y suppléer, et l’un d’entre eux a ouvert une sorte d’enquête auprès de nos hommes politiques pour savoir ce qu’ils pensent d’une situation dont les élémens ont été un peu brouillés et renouvelés à Nancy et à Stuttgart. À lire les réponses qu’il a reçues, il semblerait bien que la rupture fût complète et définitive entre les socialistes et les radicaux. L’un de ces derniers, M. Maurice Ajam, est même allé jusqu’à dire : « Le parti radical doit divorcer ou mourir ! » Or, le parti radical ne veut pas mourir. S’il a fait jusqu’ici cause commune avec les socialistes, c’était pour vivre. Il avait avec eux peu de principes communs, mais il les voyait actifs et énergiques, et il cherchait à s’attribuer une part de l’influence qu’il leur supposait sur l’imagination des masses. Cette influence parait aujourd’hui singulièrement amoindrie. Qui sait même s’il n’est pas plus compromettant qu’utile d’accepter une solidarité apparente avec un parti qui vient de faire publiquement litière de toute préoccupation patriotique, devant les Allemands stupéfaits et indignés ? Aussi les radicaux sont-ils en train de lâcher les socialistes, qu’on nous pardonne le mot, et ils déclarent très haut que toute alliance parlementaire ou élec-