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AUX ÉTATS-UNIS

II[1]
LES AFFAIRES

Les annales du peuple américain, son « livre d’or, » l’ouvrage où sont racontés ses hauts faits, où son génie apparaît et se résume, ce n’est pas le récit de ses guerres d’Indépendance ou de Sécession, ce n’est pas son code, ni sa Constitution politique, qui ne valent ni plus ni moins que d’autres, ce n’est pas un livre de prose ou de vers, ce sont des chiffres, une pyramide glorieuse de chiffres, la collection des Census, le manuel statistique rapprochant le présent du passé.

Les « affaires » sont donc le triomphe de l’Amérique ; l’histoire, la description des États-Unis, c’est surtout et avant tout l’histoire, la description d’une « affaire » colossale et inouïe, d’une opération agricole, industrielle, commerciale, telle que le monde n’en avait jamais vu, ni rêvé.


I

Les peuples, comme les hommes, aiment assez à croire et à laisser croire qu’ils sont les seuls auteurs de leurs succès, qu’ils doivent presque tout à leur mérite. De fait, ce succès tient-il à la race plutôt qu’au terroir ? Y a-t-il des peuples de plein air,

  1. Voyez la Revue du 15 juillet.