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LA QUESTION HOMÉRIQUE
AU DÉBUT DU XXe SIÈCLE

La question homérique est au nombre de celles qui semblent prédestinées à exciter indéfiniment la curiosité, sans jamais la satisfaire. Depuis qu’elle a été posée devant l’opinion savante par Wolf, à la fin du XVIIIe siècle, elle n’a pas cessé de provoquer des recherches, de faire surgir d’ingénieuses théories, de mettre aux prises les hellénistes les plus autorisés, et même, dans une certaine mesure, de passionner la partie du public qui s’intéresse aux choses de l’antiquité.

Deux ouvrages, récemment parus chez nous, témoigneraient au besoin, entre beaucoup d’autres, que ce mouvement n’est pas près de finir. Un jeune et brillant écrivain, M. Victor Bérard, essayait, il y a environ quatre ans, dans ses deux volumes sur les Phéniciens et l’Odyssée, d’éclairer les origines du poème dont Ulysse est le héros[1]. Et, quoi qu’on pense de sa méthode et de ses conclusions, on doit reconnaître que ces vieilles choses ont repris, sous sa plume, un air de jeunesse et presque d’actualité. Tout dernièrement, un des maîtres de la science française, M. Michel Bréal, a fait quelque chose de plus, en un tout petit volume, où très hardiment il a repris la question homérique presque en son entier[2]. Avec le mélange de bon sens incisif, de finesse et de simplicité qui le caractérise, il y a exposé au grand public ses vues personnelles à propos des diverses parties de

  1. Victor Bérard, les Phéniciens et l’Odyssée, 2 vol. in-4o, Paris, Colin, t. 1, 1902 ; t. Il, 1903.
  2. Michel Bréal, Pour mieux connaître Homère, 1 vol. in-12, Paris, Hachette, 1906.