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son sujet. Inutile de dire qu’il l’a fait fort agréablement ; sans se soucier d’ailleurs ni de ne pas répéter à sa façon ce qui a été dit déjà et ce que l’on admet communément, ni de mettre rigoureusement toutes ses idées « au point, » ni enfin de les coordonner en une doctrine tout à fait précise. Mais, en définitive, malgré le succès de ces deux ouvrages, malgré même la valeur originale d’un grand nombre de dissertations ou de gros volumes qui paraissent d’année en année sur cette question, en France, en Allemagne, en Angleterre, et ailleurs, on ne peut déclarer que nous possédions enfin une solution généralement admise, ou que nous soyons près de la posséder.

Est-ce à dire que cette énorme quantité" de travail se dépense en pure perte ? Non, assurément. Car il y a, tout au moins, certaines combinaisons, trop téméraires ou trop simples, qui peu à peu sont écartées ; et, par là même, si le problème n’est pas résolu, il est circonscrit et restreint, ce qui ne laisse pas que d’être un avantage. De plus, comme les méthodes se modifient à l’usage, de nouveaux côtés du sujet sont sans cesse signalés et abordés. Et si ces tentatives, en général, sont loin de rendre tout ce que leurs auteurs en attendaient, il est rare, après tout, qu’elles ne procurent pas quelques élémens nouveaux de connaissance, qui ont bien leur prix. Donner un aperçu de ces tendances et de leurs résultats, en essayant de faire ressortir ce qu’elles ont ou de hasardeux ou de profitable, dégager aussi, du conflit des opinions, quelques probabilités, c’est tout ce qu’on peut se proposer ici, en une matière aussi ardue.


I

La question homérique a été liée longtemps à la discussion des témoignages anciens qui s’y rapportent directement. Mais ces témoignages, ainsi discutés, se sont trouvés finalement de si peu de valeur qu’on a dû se déshabituer peu à peu d’y chercher des élémens sérieux d’information. Quel est le savant aujourd’hui qui croirait pouvoir faire état, non seulement des biographies d’Homère, considérées depuis longtemps comme de simples inventions, mais même des traditions relatives à l’introduction des poésies homériques en Laconie par Lycurgue, ou de celles qui se rapportent aux règlemens de Solon ? Non pas, bien entendu, qu’elles ne puissent contenir aucun élément de réalité