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de chaque côté des cercueils. Menins et dames du palais se relayaient, ainsi que les duchesses, que les maîtres des cérémonies annonçaient quand elles venaient se mêler aux dames pour garder le corps de la Dauphine. Les femmes des ministres et secrétaires d’Etat obtinrent que, quand elles se présenteraient, elles seraient annoncées également.

L’usage était qu’aux grandes obsèques tous les princes du sang, puis toutes les princesses vinssent en cortège et en cérémonie donner l’eau bénite. Comme il y avait deux cercueils, régulièrement, il aurait fallu que chaque cortège se formât deux fois. Mais, au grand scandale de Saint-Simon, on ne fit qu’une « légère image » de cette longue cérémonie. « La hâte de débarrasser le Roi à Versailles et qu’il eut lui-même de n’avoir plus à ouïr parler de choses si douloureuses et de n’entretenir pas l’excitation des propos, fit abréger tout et diminuer tout et pour les cérémonies et pour le nombre des personnes qui y dévoient assister… Rien ne fut jamais si court ni si baroque, jusque-là que la maison même de la Dauphine ni les menins ne donnèrent point d’eau bénite en cérémonie, c’est-à-dire un premier gentilhomme de la Chambre à la tête des menins, la dame d’honneur à la tête des dames de Madame la Dauphine, et le chevalier d’honneur à la tête des officiers premiers et principaux de la maison[1]. » Le duc d’Orléans retourna cependant seul donner de l’eau bénite au Duc de Bourgogne. « Une petite troupe de ducs venus de Marly, dit Sourches[2], leur en donna aussi, mais il n’y eut personne qu’eux qui eut cet honneur. » Si le cérémonial laissa quelque peu à désirer, en revanche, une foule nombreuse et attendrie, à laquelle, comme c’était l’usage, l’accès du palais fut ouvert, se pressa pour défiler devant les cercueils. Il fut nécessaire d’établir une barrière pour la contenir et prévenir tout désordre.

Les deux corps furent ainsi gardés jusqu’au mardi 23. A la tombée de la nuit, commenta de s’ébranler le long cortège qui devait les accompagner jusqu’à Saint-Denis. Le duc d’Orléans avait été désigné par le Roi pour le conduire. A cinq heures, il se présenta dans la chambre de parade où étaient les deux cercueils. Dangeau, en sa qualité de chevalier d’honneur de la Duchesse de Bourgogne, Tessé, en sa qualité d’écuyer, la

  1. Saint-Simon. Édition Chéruel de 1857, t. X, p. 128 et 129.
  2. Sourches, t. XIII, p. 310.