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tardives s’étaient-elles exercées contre la Duchesse de Bourgogne, en ouvrant les yeux de Mme de Maintenon sur des légèretés de conduite qu’elle avait ignorées. Cela eût été très humain ; donc, cela est très probable et suffit à expliquer cette phrase de Mme de Maintenon : « Dieu l’a prise par miséricorde. » Avec les années, elle était devenue austère, et avait oublié le temps où elle-même était suspecte d’un peu de galanterie. Mais cette lettre ne saurait être invoquée à l’appui d’une accusation qui n’a aucun fondement sérieux et que des historiens soi-disant nationaux, tels que Michelet, auraient dû repousser, au lieu de sembler l’accueillir à demi[1].


VI

Une cérémonie restait à accomplir : c’était d’ensevelir le Dauphin et la Dauphine. Leurs entrailles avaient été descendues dans le caveau le jour où l’on avait enseveli le petit Dauphin, mais leurs cercueils étaient demeurés dans le chevet de l’église depuis le jour où ils y avaient été apportés. Deux religieux n’avaient cessé, jour et nuit, de veiller auprès. Le délai de quarante jours étant expiré, et au-delà, le samedi 16 avril les cercueils furent transportés du chevet dans le chœur. Le dimanche 17 on chanta les vêpres des morts auxquelles assistèrent la duchesse du Lude et les dames d’atour et du palais. On ouvrit ensuite le chœur au peuple, depuis six heures et demie jusqu’à huit heures. La cérémonie eut lieu le lundi 18. L’église avait été magnifiquement ornée. La décoration en avait été réglée par Berain qui, tant de fois, avait organisé fêtes et représentations théâtrales données en l’honneur de la Duchesse de Bourgogne. Les moindres détails en sont décrits avec complaisance par le Mercure de France qui consacre douze pages à cette description[2]. « Une magnifique corniche régnait autour du chœur… Au-dessus de cette corniche régnoit une plinthe avec des moulures dorées sur du velours noir et semées de fleurs de lis, larmes,

  1. Michelet, Histoire de France. Édition de 1874, t. XIV, p. 184 : « On a peine à le croire », dit-il à propos de l’accusation formelle de Duclos, mais il ajoute : « Il est bien probable que, dans une si terrible occasion (le siège de Turin) où il s’agissait de sa vie (la vie de Victor-Amédée), elle l’avertit. »
  2. Mercure de France, avril 1712, p. 228 à 240.