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« Fidèle, ajoutait-il, aux observances de précepte, on la vit, à toutes les solennités, donner à la Cour le noble exemple d’une religieuse modestie, purifiant souvent son cœur dans la sacrée piscine de la pénitence, participant dans un sage mélange de confiance et de frayeur à ses redoutables mystères, sentant la vanité des plaisirs, se reprochant de les avoir trop aimés ; telle enfin que sa piété prenoit chaque jour avec l’âge de nouveaux accroissemens, et faisoit espérer de la voir bientôt, par une heureuse émulation, marcher à pas égaux avec le Dauphin son époux dans les voies de la vie parfaite[1]. »

L’oraison funèbre qui avait duré cinq quarts d’heure étant terminée, la grand’messe reprit. Elle ne s’acheva qu’à deux heures et demie. Les évêques s’approchèrent alors du caveau. On monta sur l’estrade pour enlever les deux couronnes, le cordon bleu et le manteau royal, et enfin le drap d’or. Les deux cercueils apparurent alors, recouverts chacun d’un poêle noir avec une croix de moire d’argent. Douze gardes du corps s’avancèrent, enlevèrent les cercueils et les apportèrent à l’entrée du caveau. L’évêque de Metz, après avoir prononcé les prières d’usage, jeta un peu de terre préparée à l’avance sur les deux cercueils qui furent lentement descendus dans le caveau pendant que les moines chantaient le Benedictus.

La cérémonie n’était cependant pas terminée. Il restait à accomplir un rite qui remontait aux plus anciennes traditions de la monarchie. Les dignitaires des grands offices devaient déposer sur le cercueil les insignes de leurs fonctions. Le roi d’armes, ayant rassemblé auprès de lui les hérauts d’armes, appela successivement par leurs noms les grands officiers des deux maisons du Dauphin et de la Dauphine.

« Monsieur le marquis de Maillebois, maître de la garde-robe du Roi, apportez le manteau à la Royale de Monseigneur le Dauphin, » et le marquis de Maillebois apporta le manteau.

« Monsieur le duc de Beauvilliers, premier gentilhomme de la chambre de Monseigneur le Dauphin, apportez sa couronne, » et le duc de Beauvillers apporta la couronne.

« Monsieur le marquis de Villacerf, premier maître d’hôtel et vous messieurs les maîtres d’hôtel de Madame la Dauphine, apportez vos bâtons. » Villacerf s’avança le premier, avec son

  1. Oraisons funèbres du Dauphin de France et de la Dauphine. A Amsterdam, 1713, p. 25 et 26.