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suprême évangélique réclamait que les subventions accordées à chaque Eglise fussent au moins proportionnelles à leur chiffre respectif de fidèles ; il réputait légitime, au profit du protestantisme, une augmentation de 870 338 thalers, et se déclarait d’ailleurs tout prêt à se contenter si on lui en accordait 294 000. Un protestant converti au catholicisme, Rintel, discuta cette pétition ; il remontra, dans sa brochure, que la somme inscrite à la loi de finances pour la confession romaine représentait en réalité, dans sa presque totalité, une dette juridique de l’Etat ; que dans le budget de l’Église évangélique, il y avait à peu près 300 000 thalers octroyés par une générosité gracieuse ; que, dans le budget de l’Eglise catholique, le cadeau parallèle accordé par l’Etat ne dépassait pas 94 000 thalers ; que l’ « imparité » de traitement entre les deux confessions tournait donc au détriment de l’Eglise romaine ; et qu’enfin les médiocres libéralités faites à cette Eglise n’étaient qu’une faible rançon pour la sécularisation d’innombrables biens ecclésiastiques.

Le ministère prussien donna raison au conseil suprême contre Rintel : il déclara que l’évangélisme avait droit à 210 000 thalers de plus, et qu’en raison de l’état des finances on lui en octroierait, pour l’instant, 50 000. Le geste était moins généreux que les paroles. Encore qu’on affectât de le baptiser protestant, l’Etat prussien, bon économe, marchandait visiblement ses thalers. Mais la satisfaction de principe qu’il avait accordée encourageait les réclamations, et tout de suite, dans la Chambre, 94 signatures furent groupées, réclamant des subventions pour les missions prussiennes évangéliques répandues à travers le monde. Les catholiques s’émurent. Depuis 1821, la Prusse devait constituer en biens fonciers la dotation de leurs évêchés. Elle s’y était expressément engagée ; Frédéric-Guillaume IV, en 1847, avait encore, par un acte formel, reconnu cette dette et l’urgente nécessité de la liquider. Rien encore pourtant n’était fait. Le juriste Otto et ses collègues catholiques réclamèrent de l’Etat prussien qu’il allât plus vite en besogne, que par surcroît il distinguât sérieusement, dans ses budgets, les subventions concédées aux Eglises en vertu d’un droit nettement établi et les subventions accordées par générosité pure, et qu’enfin les 50 000 nouveaux thalers que l’État prussien croyait pouvoir affecter au bien des âmes fussent équitablement répartis entre les diverses confessions. En mai 1853, la Chambre passa