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outre, repoussa la motion Otto. Au terme de cette première passe d’armes, l’Eglise protestante avait obtenu un cadeau, et l’Eglise romaine attendait encore une bonne parole. Tout au plus avait-on voté, pour adoucir la déception, une motion peu compromettante, d’après laquelle les 121 083 thalers d’allocations supplémentaires votés chaque année pour les ecclésiastiques et les instituteurs, et dont un quinzième seulement profitait à la confession catholique, seraient désormais répartis avec moins d’exclusivisme. Grand pourchasseur de détails et grand éplucheur de chiffres, Otto envisageait aussi, dans un long rapport, les questions relatives à l’enseignement, et démontrait que, sur cet autre terrain, la confession évangélique était une privilégiée : l’Etat demanda un délai et promit de faire de son mieux, avant l’année suivante, pour donner quelque satisfaction à l’idée de « parité » confessionnelle.

La promesse était trop belle pour être aussi vite tenue. L’État n’en avait ni le temps, ni peut-être le goût ; et puisque l’inertie des bureaux semblait invincible, la fraction catholique obtint qu’une commission parlementaire se chargeât de ce délicat travail. Le choix même des commissaires fut un premier succès pour la fraction : elle put faire élire neuf de ses membres, et la commission ainsi constituée nomma comme président Auguste Reichensperger, comme rapporteur Mallinckrodt.

Le directeur général des contributions, le protestant Kuhne, fut le premier à demander, quand en avril 1854 le rapport de Mallinckrodt se discuta, que les plaintes des catholiques fussent renvoyées à l’examen du ministère et que, dès la prochaine session, le ministère apportât son avis. Il en fut ainsi décidé, à une forte majorité : le courage oratoire de Mallinckrodt avait enlevé ce vote. Ce fut une victoire sans lendemain ; car l’Etat prussien, inexpugnable en ses lenteurs, laissa venir l’année suivante sans aborder cette ingrate besogne. Lorsque Otto, en février 1855, reparla des revendications catholiques, le ministère répondit, ou à peu près, que tout était pour le mieux ; et quelques membres catholiques des autres fractions parlementaires, acquis naguère à la motion d’Otto, se laissèrent facilement rassurer par l’optimisme ministériel. Otto, le vainqueur de 1854, n’était plus en 1855 qu’un vaincu. La motion de son collègue Eberhard, le futur évêque de Trêves, eut plus de chance : il s’agissait de faire reconnaître par la Chambre que, sur la rive gauche du Rhin, les