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nouvelle, il n’y avait pas de place pour une fraction catholique, il était du moins nécessaire de faire entrer dans cette Chambre des « personnalités directrices, dominantes, qui fussent de bons catholiques. » Aucune décision nette ne fut prise : le duel de l’Autriche et de la Prusse troublait trop profondément les catholiques pour qu’il leur fût facile, à Berlin, de se concerter une attitude parlementaire. Hüffer ne s’était pas trompé lorsqu’il les avait invités, trois ans auparavant, à transformer une modeste salle d’auberge en un laboratoire d’études. Dans cette retraite de Soest, ils s’étaient préparés à plus et à mieux qu’à être un parti de défense religieuse ; ils avaient, à la lumière même de la pensée religieuse, mûri certaines idées politiques et sociales sur l’assise desquelles un puissant parti parlementaire pourrait un jour s’édifier. A l’école de Hüffer et des maîtres d’élite groupés par lui, toute une fraction du futur Centre allemand avait, si l’on ose ainsi dire, fait son catéchisme.

C’est durant cette même période de fécond effacement, que se développaient rapidement, sur le Rhin, les Feuilles de Cologne, qui devaient bientôt assurer à l’opinion catholique un organe de haute valeur. Le créateur de ce journal, dont le premier numéro remontait à 1860, s’appelait Joseph Bachem ; il avait, en 1848, fait son apprentissage de publiciste dans un périodique allemand paraissant à Paris, et puis, de 1849 à 1855, dirigé à Cologne une première gazette catholique, que la Prusse avait supprimée.

Les questions de politique étrangère étaient, pour une presse catholique prussienne, singulièrement délicates à traiter. Au jour le jour, il fallait se compromettre, en donnant un avis sur les litiges publics ou latens qui divisaient les membres de la Confédération germanique. L’opinion catholique tout entière risquait d’être rendue responsable pour les peccadilles de jugement ou pour les délits d’information que le journal commettait. Et puis, la façon même dont négociaient les députés et les ministres, l’épiscopat et la haute bureaucratie pour le règlement amiable et cordial des difficultés religieuses, comportait un certain secret, et contraignait à quelque réserve le journalisme militant. L’archevêque Geissel refusait d’accepter le protectorat d’une association de presse. Mallinckrodt, de son côté, n’avait aucune hâte de voir surgir, parmi les catholiques, une « feuille de parti : » le journal qu’il rêvait devait être un journal de