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Or, je songeais, pensif, aux époques lointaines
Où la voix de saint Paul, éclatant dans Athènes,
Ebranlait le fronton du Temple radieux ;

Et, gagnée à la foi que l’Apôtre révèle,
O Grèce, tu brûlais, oublieuse des dieux,
Tes antiques lauriers à sa flamme nouvelle !…


1812


Il neige. — Lève au ciel, Sire, ton front serein.
Vois. Comme l’épervier fond sur une hirondelle,
L’Aigle Russe a saisi ta Victoire fidèle
Et lui meurtrit les flancs de ses ongles d’airain.

Jadis, du Nil au Tibre et du Danube au Rhin,
Joyeuse, Elle volait, balayant d’un coup d’aile
Fantassins, cavaliers, bastion, citadelle,
Sur un signe, ô César, de ton doigt souverain !

Maintenant, sous le bec du Monstre bicéphale.
Cette aile s’éparpille au gré de la rafale
Où passe un bruit de râle et de membres brisés ;

Cependant que, rêvant d’impossibles revanches,
Tu regardes, muet et tes deux bras croisés,
Tomber les blancs flocons mêlés aux plumes blanches.


PAUL MUSURUS.