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Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 41.djvu/715

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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




La situation, au Maroc, s’éclaircit un peu, mais encore bien peu : dans son ensemble l’horizon y reste obscur. C’est seulement autour de Casablanca que les choses ont pris meilleure tournure ; mais cela suffit pour montrer que la méthode militaire que nous avons adoptée était la bonne, puisqu’elle devait, avec le moins de frais possible, produire des résultats qui sont déjà appréciables. Nous ne nous faisons aucune illusion sur la très médiocre importance qu’ont eue, en eux-mêmes, les combats de Teddert et de Sidi-Brahim : ils ont pourtant suffi à amener plusieurs tribus à demander l’aman, et à accepter les conditions que nous y avons mises.

Le général Drude a l’action lente, intermittente et prudente, mais efficace : il a toujours atteint l’objet qu’il s’était proposé, tout en ménageant le sang de ses soldats. Nous n’avons perdu jusqu’ici qu’une douzaine d’hommes. Les choses auraient tourné tout autrement si nous nous étions donné pour tâche de rétablir l’ordre, non pas dans une ville maritime du Maroc, mais dans le Maroc lui-même, et si nous nous étions lancés pour cela dans une expédition à longue portée. Au lieu d’avoir affaire à quelques tribus, nous en aurions soulevé contre nous des multitudes. Pour peu qu’elles eussent eu la moindre intelligence du genre de guerre qu’il leur convenait de faire, elles se seraient repliées devant nous, tout en combattant, et nous auraient laissés nous engager à fond dans le pays, jusqu’à ce que nous fussions arrivés à quelque passe difficile, ou qu’elles fussent elles-mêmes devenues assez nombreuses pour nous attaquer avec le plus de chances de succès. Le chiffre de cent mille hommes que nous avons indiqué comme nécessaire à une pareille entreprise n’est certainement pas au-dessus de la vérité, il est plutôt au-dessous, et