Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 41.djvu/779

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sous prétexte de manœuvres, les garnisons placées à une étape au plus de la frontière en seront rapprochées, de manière à la passer le 2 au matin. Ce mouvement se ferait à pied, bien entendu. L’ordre de mobilisation serait expédié le 1er au soir, vers neuf heures, à tout l’Empire, et dès onze heures du soir ou minuit au plus tard, les premiers trains s’ébranleraient et viendraient versera la frontière, dans la matinée du 2, les troupes comprises dans la zone de 200 kilomètres autour de Château-Salins, avec leur effectif de paix. Les débarquemens commenceraient le 2 vers trois heures du matin et se continueraient incessamment. Dès lors, dans la matinée de ce jour, au moment où notre gouvernement commencerait à peine à être averti, un énorme flot d’envahisseurs serait entré en France[1]. Ce premier échelon, formidable déjà, peut faire immédiatement une étape, sans rencontrer grande résistance, et arriver vers midi sur la ligne générale Spincourt, Etain, Nancy, Belfort, ligne sur laquelle se livrerait la première bataille d’avant-garde. A celle bataille ne pourraient prendre part, de notre côté, que les troupes des garnisons frontière de Longwy à Belfort par Toul, soit 46 bataillons, 28 escadrons, 136 canons. L’action de nos divisions de Verdun et de Saint-Mihiel ne pourrait se faire sentir que plus tard.

Mais, dans toute cette journée du 2, les trains allemands continueraient à faire affluer des renforts qui pourraient être débarqués sur le territoire français lui-même, immédiatement en arrière de la ligne de feu, pour ainsi dire, partout où les voies présentent des paliers, — et les paliers ne manquent pas dans toute la Lorraine française. Ces renforts seraient d’abord toutes les troupes de cavalerie stationnées en deçà de la ligne générale Brème, Magdebourg, Dresde, à moins de 600 kilomètres de la frontière, dont l’embarquement aurait commencé le 1er du mois, à onze heures du soir ou minuit, deux ou trois heures après l’arrivée de l’ordre de mobilisation. Ces troupes commenceraient à débarquer le 2 avant midi et jusqu’au soir ; elles porteraient l’effectif de la cavalerie allemande à la valeur de quatre divisions, au minimum, en dehors des escadrons affectés aux divisions d’infanterie : quatre divisions de cavalerie à six régimens, contre notre seule division de Lunéville à quatre régimens. Ensuite, ou, plus exactement, presque en même temps,

  1. Nous supposons ainsi pour nous un retard initial de douze heures seulement ; c’est bien un minimum.