situation très inférieure. Non seulement on abaissait ainsi le niveau social du corps d’officiers, mais on amoindrissait l’esprit de solidarité qui prend sa source dans les relations entre les officiers et entre leurs familles. De là des jalousies qui portèrent rapidement leurs fruits.
Le 13 janvier 1905, une circulaire prescrivit de communiquer à l’avenir aux officiers toutes les notes qui leur étaient données par leurs chefs ; Il en résulta tout d’abord que les notes devinrent banales et rien, dès lors, ne saurait plus arrêter le ministre dans l’arbitraire de ses choix. Comment cette mesure était-elle motivée ? « On ne saurait se plaindre de l’application d’un principe d’honnêteté et de franchise. » Est-il permis d’exprimer plus brutalement dans une pièce officielle la suspicion du gouvernement à l’égard « de l’honnêteté et de la franchise » des chefs de l’armée ? Une pareille phrase n’est-elle pas un véritable soufflet ? Des sphères officielles, grâce à une propagande effrénée, la méfiance gagna le public dont l’opinion devint hostile aux officiers : ceux-ci, découragés et blessés, perdent l’énergie et la confiance en soi, ces deux qualités maîtresses chez des conducteurs d’hommes.
Il ne suffisait point d’abaisser les officiers, il fallait aussi les détacher de leur rôle militaire en les employant à des missions qui n’ont aucun rapport avec la préparation à la guerre. On augmenta leurs fonctions administratives, un jour en leur confiant certaines réparations au casernement, puis le blanchissage du linge, ensuite l’entreprise des lits militaires, etc. En même temps on en faisait des professeurs d’enseignement civique, eux qui ne sont même pas électeurs. Enfin, pour couronner l’œuvre, on leur imposa l’obligation de donner l’enseignement professionnel sur l’agriculture, le commerce, l’industrie, la mutualité, etc., leur enlevant intentionnellement ainsi les loisirs indispensables à leurs études militaires. Afin d’atteindre le but plus sûrement, de démilitariser l’armée, une circulaire prescrivit aux chefs de corps de signaler au ministre les officiers qui montreraient du zèle dans ces nouvelles fonctions, afin qu’il pût les récompenser. A eux donc les faveurs et l’avancement, et l’on s’étonnera si la valeur guerrière de nos unités s’affaiblit ! A toutes ces mesures susceptibles de nuire au prestige et à l’autorité du commandement, s’ajoute l’article 38 de la loi du 21 mars 1905, qui limite à quinze jours par an le nombre