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peu plus près le manuscrit d’où il a tiré le texte du Discours. Ce manuscrit faisait partie, non pas du tout, comme il l’affirme, avec sa fougue habituelle d’inexactitude, du Résidu de Saint-Germain, mais bien, comme le faisait observer un peu aigrement Faugère, un an après, du Fonds de Saint-Germain-Gesvres. Il portait alors le numéro 74 : il porte aujourd’hui, sur les Catalogues de la Bibliothèque nationale (Fonds Français), le numéro 19303. Or, voici l’origine du fonds de Saint-Germain-Gesvres[1]. Louis Potier, cardinal de Gesvres, ayant légué à Saint-Germain-des-Prés en 1736 sa riche bibliothèque, — qui semble avoir compris environ deux cents manuscrits, — les bénédictins de la célèbre abbaye en prirent livraison le 9 décembre 1745 ; et, à partir de ce moment, à Saint-Germain, comme plus tard à la Bibliothèque nationale, jusqu’en 1865, les manuscrits de Gesvres ont toujours formé un fonds spécial. Ajoutons qu’un grand nombre de manuscrits de la bibliothèque de Gesvres avaient appartenu, ainsi qu’en témoignent les ex-libris, à B. H. de Fourcy. Le nôtre est précisément de ceux-là. Il résulte de tout ceci jusqu’à l’évidence, — et la simple vue du manuscrit est à cet égard convaincante, — que les indications et renseignemens qu’il fournit ne sont nullement imputables aux bénédictins, pas plus d’ailleurs qu’ils ne le sont au cardinal de Gesvres : ils ne le sont même pas à M. de Fourcy, mais simplement au copiste anonyme qui a travaillé pour lui. Les moines de Saint-Germain se sont sans doute contentés de recueillir, avec les autres, le manuscrit qui contenait le Discours, de le cataloguer, et de le placer sur leurs rayons. S’ils l’ont lu, ou feuilleté, ils se sont abstenus de nous dire ce qu’ils en pensaient, et à qui ils en attribuaient les diverses pièces.

Quant à M. de Fourcy lui-même, — dont nous ignorons également l’opinion, et si même il en avait une, — il est, m’écrit M. Gazier, absolument inconnu dans le monde janséniste : ni les Nécrologes, ni les Nouvelles ecclésiastiques ne le mentionnent. Les seuls renseignemens que j’aie pu trouver sur son compte sont les suivans. Balthazar-Henri de Fourcy appartenait, comme d’ailleurs le futur cardinal de Gesvres, à une grande famille parlementaire. Né le 24 juillet 1669, il fut nommé abbé commendataire de Saint-Vandrille en Caux, diocèse de Rouen,

  1. Léopold Delisle, le Cabinet des manuscrits de la Bibliothèque nationale, in-folio, Imprimerie nationale ; t. II, 1874, p. 46-47, 61.