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continent asiatique, et de conclure en conséquence des accords destinés à écarter toute cause de malentendus entre la Russie et la Grande-Bretagne dans ces questions.

En ce qui concerne la Perse, les deux puissances s’engagent à en respecter l’indépendance et l’intégrité. Désirant maintenir l’ordre dans le pays et assurer son développement pacifique sur la base du régime de la porte libre ; considérant que les deux puissances ont chacune, pour des raisons géographiques et économiques, un intérêt spécial au maintien de la paix dans certaines provinces persanes, voisines de la frontière russe d’une part, de la frontière de l’Afghanistan et du Béloutchistan de l’autre, les deux parties contractantes décident, pour ce qui est de la Grande-Bretagne, qu’elle n’appuierait pas pour elle-même et n’appuiera pas, au profit de sujets britanniques ou de sujets d’une tierce puissance, des demandes de concessions politiques ou commerciales (chemins de fer, banques, télégraphes, routes, transports, assurances), au Nord d’une ligne reliant Kasri-Chirin, Ispahan, Yezd, Khaki, et aboutissant à la jonction des frontières de la Perse, de la Russie et de l’Afghanistan, et qu’elle ne s’opposera pas aux demandes de concessions faites dans cette région avec l’appui du gouvernement russe. La Russie fournit un engagement correspondant en ce qui concerne la région au Sud d’une ligne s’étendant de la frontière afghane à Ghazik, Biredjan, Kerman et Bender-Abbas. Entre ces deux régions ainsi réservées à l’influence anglaise et à l’influence russe, une troisième zone reste neutre, où la Russie et la Grande-Bretagne s’engagent à ne pas s’opposer, sans entente préalable, à l’octroi de concessions à leurs sujets. Des articles spéciaux sont réservés à l’affectation du revenu des douanes au service des emprunts, et à l’organisation d’un contrôle des garanties financières affectées aux emprunts si le besoin s’en fait sentir : ces mesures doivent être prises d’un commun accord.

En Afghanistan, la question de l’influence anglaise est réglée par cinq articles qui portent en substance que l’Angleterre n’a pas l’intention d’y modifier la situation politique, qu’elle n’y exercera son influence que dans une direction pacifique, qu’elle n’y prendra pas et n’engagera pas l’Afghanistan à y prendre des mesures contre la Russie. De son côté, le gouvernement russe reconnaît l’Afghanistan comme hors de sa sphère d’influence et consent à se servir de l’intermédiaire du gouvernement