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Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 42.djvu/125

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du problème ; mais, puisque aucun obstacle insurmontable ne s’opposait à une coopération amicale, pourquoi les deux États intéressés n’arriveraient-ils pas à définir le genre d’exploitation que chacun désirait se réserver, ou pourquoi ne serait-il pas procédé par eux à une délimitation de leurs sphères d’influence économique en territoire persan ? D’ailleurs, le temps qui est, comme on sait, un grand maître, travaillait lui-même dans ce sens et orientait les relations anglo-russes vers la conciliation. L’idée d’une entente ne provoquait plus, au-delà de la Manche, et sur les bords de la Neva, les mêmes protestations qu’autrefois. Et, dès avant la guerre russo-japonaise, sous l’impression de la détente produite, des pourparlers étaient engagés entre les deux gouvernemens sur les questions d’Asie Centrale. La guerre les interrompit, il est vrai. Mais aussitôt qu’elle fut terminée, le gouvernement anglais jugea le moment opportun pour reprendre la conversation sur ce sujet.

En même temps qu’était signé le traité anglo-japonais du 30 août 1905, lord Lansdowne adressait à sir Charles Hardinge une lettre imprimée et rendue publique en même temps que le traité, et dans laquelle il s’attachait à dissiper les inquiétudes de ceux qui, parmi les Russes, voyaient dans cette alliance une menace et déclaraient que c’en était fait de l’entente escomptée entre l’Angleterre et la Russie. Cette invitation fut comprise à Saint-Pétersbourg. Quelque temps après, à Algésiras, dans l’intervalle des séances de la conférence, une conversation que favorisaient discrètement nos plénipotentiaires s’engageait entre les représentans de l’Angleterre et de la Russie, sir Arthur Nicholson, sir Donald Mackenzie Wallace et le comte Cassini. Continuées à Saint-Pétersbourg et à Londres, ces négociations ont, après une durée d’un an, abouti à la convention du 30 août 1907 qui a réglé les futures relations anglo-russes en Perse, en Afghanistan, au Thibet, et dans le golfe Persique, c’est-à-dire dans tous les pays limitrophes de l’Inde et des possessions russes en Asie. La convention vise la Perse, l’Afghanistan et le Thibet, et une lettre annexée de sir Edward Gray à sir Arthur Nicholson, ambassadeur de Russie, est relative au golfe Persique.

Le préambule de la convention expose le sincère désir de l’empereur Nicolas et du roi Edouard de régler à l’amiable les diverses questions qui touchent aux intérêts de leurs États sur le