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le sollicite. Mais si le crédit, en principe, présente sous ses différentes formes le même caractère fondamental, il se compose aussi d’élémens fort variables d’où il tire des caractères d’ordre spécial, suivant la nature des opérations auxquelles on le fait servir. Les risques, par exemple, sont un des élémens les plus importans pour classer ces opérations. Aussi arrive-t-il que certaines banques, désireuses de limiter leurs risques, de prendre les moins dangereux ou de mieux les étudier, limitent leur activité à des opérations déterminées. La division du travail joue, en celle matière, un rôle plus ou moins étendu suivant les pays, leur histoire et leur développement économique. Il est, en Angleterre, des banques dont la fonction consiste essentiellement à n’être que des « caisses communes, » comme on disait autrefois, de commerçans, d’industriels, de rentiers, à recevoir, à payer pour leur compte, à garder leurs capitaux. Là le banquier n’administre pas le crédit, il ne court pas de risques. Il n’est qu’un mandataire, centralisant une grande quantité d’opérations. Ses bénéfices sont recueillis sous forme de commissions. Les banquiers escompteurs, au contraire, pratiquent le crédit appelé commercial, dont la base est une opération réelle ayant un objet certain. Ici, les risques apparaissent, mais ils peuvent être très limités en raison de l’opération elle-même et suivant l’habileté et l’expérience de la personne chargée de les apprécier. Parfois la banque d’escompte est une banque démission, c’est-à-dire qu’elle peut créer et faire circuler une monnaie fiduciaire dont elle est responsable : ce sont les billets de banque. L’opération primitive se complique alors un peu et exige des connaissances particulières. Nous ne sommes cependant encore qu’en présence d’affaires déjà faites, d’entreprises industrielles ou commerciales ne demandant au crédit qu’une avance à terme assez court, une aide momentanée pour des opérations constamment ou périodiquement renouvelées. Il n’en est pas ainsi lorsqu’un banquier intervient en fournissant des capitaux pour la fondation d’une entreprise, ou pour accroître ceux qu’elle possède déjà. Que cette aide, ce prêt de capitaux se fasse par commandite directe, ou que la maison de crédit « place, » vende des titres pour le compte de l’industrie qui se fonde ou s’agrandit, il y a là des risques bien plus étendus que ceux du crédit communément appelé commercial et pratiqué sous forme d’escompte. Ces maisons spéciales, dont la fonction est éminemment utile, sont des banques dites