Il suit sa carrière de banquier et recueille les honneurs qui en dérivent. La politique va bientôt le prendre, cependant, pour de nombreuses années, et le gouvernement parlementaire l’entraînera dans l’étude des questions nouvelles dont les circonstances et le souci de sa maison l’avaient tenu éloigné. C’est la seconde période de sa vie, plus mouvementée que la première, plus attirante aussi, mais que l’on ne saurait toujours comprendre si l’on ne connaissait l’autre.
Le gouvernement de la Restauration devait, en effet, se trouver, dès le début, aux prises avec des difficultés multiples, dont les plus difficiles à résoudre étaient les difficultés financières. Le crédit public allait en quelque sorte naître et se développer en France sous l’influence dominante de la nécessité. Quel attrait que ces nouveaux horizons pour un homme dont l’imagination était vive et dont la hardiesse avait été jusque-là contenue par les règles prudentes puisées dans son éducation professionnelle et par les habitudes monotones d’un métier dont aucun secret ne lui était inconnu ! Ces luttes vont lui plaire et lui plaire beaucoup trop, car l’action politique l’envahira et l’entraînera loin de sa voie naturelle. Il n’abandonne pas toutefois l’étude des problèmes financiers ; il y revient toujours, parce qu’il est du métier, et parce qu’il est là sur un terrain qui l’attire et où son passé le ramène. Aucune considération politique ne lui a fait modifier ses opinions sur tel ou tel problème de cet ordre. Peu lui importait d’être en opposition avec ses meilleurs amis politiques quand il ne partageait point leur avis sur ces matières spéciales. Nous le verrons se ranger du côté de M. de Villèle, lui, membre si déterminé de l’opposition, lorsque ce ministre présenta son projet de conversion. Il écrivit même, à cette occasion, une brochure dont nous résumerons plus loin les idées. Au dire de Béranger[1], M. Thiers, très lié avec Laffitte, avait collaboré à cet opuscule. C’est, nous semble-t-il, le travail le plus important, — en dehors de ses discours parlementaires, — qu’il ait fait sur une question financière. À ce moment, on l’accusa presque de trahison. Sa popularité, à laquelle il tenait
- ↑ Béranger, Ma biographie, Œuvres posthumes.