beaucoup, en subit une rude atteinte. Et c’est de propos délibéré, sachant bien quelles seraient les conséquences de son altitude, qu’il soutint avec vigueur le principe des conversions de fonds publics. Plus tard, après la Révolution de Juillet, lorsqu’il était président du Conseil des ministres, il défendit contre Odilon Barrot, et dans l’intérêt du budget, l’impôt du timbre sur les journaux, dont celui-ci demandait la suppression.
Tous les membres marquans de l’opposition, députés, littérateurs, artistes, écrivains politiques fréquentaient chez lui sous la Restauration. Il avait acheté le fastueux château de Maisons, bâti par Mansart sur la rive gauche de la Seine, près de la forêt de Saint-Germain. Là se rendaient les chefs du parti libéral : La Fayette, Odilon Barrot, le général Foy, qui était un de ses familiers et auquel il sut venir en aide avec une si délicate générosité ; puis Manuel, Thiers, Miguel. Manuel même mourut à Maisons[1], où il avait été amené par Béranger. Le chansonnier-poète avait fini par se lier étroitement avec Laffitte, malgré son aversion pour les millionnaires. « Jamais je n’ai beaucoup aimé, a-t-il, en effet, écrit dans Ma biographie[2], Messieurs de la finance, ni leurs salons dorés, ni leur société bruyante. » Cependant, les affaires de banque et de crédit n’étaient point étrangères au chantre de Lisette. Il avait, pendant plusieurs années, été commis et un commis intelligent, chez son père, qui avait fondé une petite maison d’escompte et de prêt sur gages à Paris. La maison fit faillite en 1798, et ce ne fut point par la faute de Béranger, dont l’esprit éveillé avait prévu cette fin. Paul-Louis Courier, quoiqu’un peu sauvage, se rendit aussi quelquefois à Maisons. C’est là que fut préparée la Révolution de Juillet. Les financiers ont, de tout temps, aimé et recherché le commerce des hommes de lettres, des artistes et des savans. À cet égard, Laffitte ne faisait que suivre les traditions de ses prédécesseurs et imiter son patron Perregaux, qui avait reçu à sa table Fontenelle, Voltaire, Buffon, d’Alembert et Diderot. À Maisons, les hommes politiques paraissent bien, sous la Restauration, avoir été en très grande majorité.
Laffitte travaillait autant qu’il le pouvait à parfaire son instruction générale. Arago nous apprend[3]que, déjà dans sa