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fait relever sur les quatre et cinq heures du matin ; qu’il a toujours été prêt pour la chose publique ; » il rappelle comment il a élu domicile à Tours ; comment sa famille l’y a suivi ; comment, quand les bataillons de Paris ou de la frontière sont arrivés à Tours, il a su, par un travail immense et sans relâche, suffire à tout, « ayant eu toutes les peines avec ces bataillons qui voulaient mettre à leur discrétion les membres du Comité et ceux du département, tant pour avoir des canons et habille-mens et autres fournitures promises à Paris et autres villes à leur passage, en déclamant avec violence que c’était à Tours où ils devaient recevoir ces fournitures, jusqu’à même des menaces de violences par des mots impropres qui ne devaient jamais sortir de bons républicains. Après ces demandes faites en nature de fournitures, ils faisaient demande en sommes considérables. Il leur faisait entendre raison. On faisait délivrer des mandats le plus économiques que faire se pouvait afin que tous ces bataillons fussent contens. Les registres sont pleins de ces sommes payées, et les demandes faites par ces bataillons sont existantes. L’on verra ces demandes énormes jointes aux pièces et signées tant des généraux, capitaines et soldats ; que, si l’on avait délivré ce qu’ils demandaient, il n’y en aurait pas eu pour la sixième partie des demandeurs, jusqu’aux soldats venant remplir le comité : nous ne partons pas que notre décompte depuis deux ans et un an et neuf mois ne soit fait, criaient-ils, et nous voulons de l’argent et autres munitions de guerre. Clément les a calmés, et a tenu tête aux plus entêtés par leurs demandes impossibles à y pourvoir. J’ai assisté à toutes les séances, j’ai vu tout ce qui s’est passé, et je lui rends la justice qu’il mérite. »

L’autre document, pour être d’ordre privé, n’en éclaire pas d’un jour moins vif la conduite de Clément de Ris durant cette période. C’est une lettre que, plusieurs mois après cet événement, lui écrivait un de ses anciens collègues à l’administration du Département, le citoyen Leroux : « Notre courage, dit-il, a armé contre nous plus d’une faction ; mais notre conscience est tranquille. En vain les Carra, les Julien de Toulouse, les Delaunay d’Angers ont-ils, lors de leur Commissariat dans la Vendée, jeté feu et flamme contre nous et cherché à nous perdre dans l’esprit de leurs collègues ; tu n’en as pas moins prédit à Carra que sa tête répondait du retard qu’il apporta un jour, malgré nous, au départ d’un bataillon de Paris qui devait