Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 42.djvu/220

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

s’allonge en un post-scriptum après lequel il se répète comme un écho, l’écho du désespoir que cette petite âme est impuissante à contenir. Lisez plutôt :

« Que votre départ m’a fait de peine, chère maman, que j’ai souffert en voyant s’éloigner la voiture ! C’était encore une consolation pour moi de voir ce qui renfermait ma bonne maman et ma tendre sœur. Mais dès que mes yeux ne m’ont plus permis de vous suivre, je me suis livré à tout l’excès de ma douleur. Que je souffrais de me voir éloigné de tout ce qui m’est le plus cher au monde ! Je m’en rapproche en vous écrivant, et par conséquent je deviens heureux. Votre voyage a-t-il été fait sans qu’il vous arrive quelque chose de fâcheux ? Avez-vous été coucher à Orléans ? À quelle heure êtes-vous arrivées à Paris ? Vous avez, sans doute, été voir papa le soir même ? Qu’il a dû être content de vous voir réunis ! Mais il lui manquait son petit Ange, son petit Loulou et Paulin. Comment Texier se porte-t-il ? Dites-lui bien des choses de ma part. Dites-moi aussi s’ils ont déjà paru au Comité de sûreté générale. Écrivez-moi le plus tôt que vous pourrez. Je vais toujours en classe et au dessin : je m’y applique le plus que je peux.

« P.-S. — Adieu, chère maman. Embrassez bien papa pour moi. Dites-lui que je l’aime bien et que je pense à lui bien souvent. Dites-lui aussi que, s’il peut m’écrire, il me fera bien du plaisir. Bien des choses de ma part à ma sœur, ainsi qu’à ma tante. Adieu encore une fois, chère maman. Dépêchez-vous de revenir et vous verrez que vous êtes toujours aimée et que vous le serez toujours de votre petit Loulou.

« P.-S. — Adieu encore une fois. »

A Tours, l’émotion, parmi les patriotes non inféodés à Senard, n’était pas moins vive que dans la famille. Personne, pas plus qu’à Blois Garnier de Saintes, ne se méprenait sur la main dont partait le coup, ni sur les motifs vrais, sinon avoués, de la dénonciation. Ces motifs, nul ne les a mieux mis en relief, avec plus de courage et de vigueur que Tallien, dans une lettre à son collègue Vadier, du Comité de sûreté générale. Voici le passage, où il ne craint pas, si ce sont là des crimes, de se compromettre en les flétrissant comme les flétrissaient et les administrateurs du Département et les membres de la Société populaire qui, tout entière, en la circonstance, se solidarisa avec Clément de Ris et Texier-Olivier. « Il est vrai que le