de notre frontière algérienne et à organiser la sécurité des ports, sans nous dissimuler que le premier point est d’une exécution plus facile que le second : on s’en rendra compte en comparant ce qui s’est passé à Oudjda et à Casablanca. Nous avons une très vieille expérience des difficultés qui s’élèvent sur notre frontière ; nos officiers sont habitués à les régler, tandis que dans les ports tout peut être pour nous sujet à surprise. A ceux qui diraient le contraire, nous demanderions si, lorsque nous sommes allés à Casablanca, nous savions ce qui nous y attendait. L’ordre matériel n’est pas troublé en ce moment dans les ports, ce qui nous permet de patienter : mais quelle y sera la situation demain, et qu’arrivera-t-il par exemple si, Abd-el-Aziz étant à Rabat, son frère s’emparait de Mazagan ou de Mogador ? Les dernières nouvelles du Maroc deviennent de plus en plus obscures ; elles rendent le rôle de prophète de plus en plus difficile ; elles nous conseillent de plus en plus la circonspection et la réserve. Il est regrettable assurément que nous n’ayons pas organisé plus tôt la police des ports : nous réparerons cette omission dès que l’occasion sera propice, et, cela fait, nous n’aurons plus qu’à attendre les événemens, sans nous désintéresser de ce qui pourra se passer dans l’intérieur du pays, mais sans nous en mêler.
Est-ce bien la politique du gouvernement ? Nous l’avons cru à l’origine, et nous le croyons encore, en dépit des oscillations désordonnées que cette politique semble subir depuis quelques semaines ; mais une discussion parlementaire nous fixerait peut-être à ce sujet, et c’est pourquoi nous l’attendons avec quelque impatience. La Chambre tiendra sans doute à être renseignée sur ce qui s’est passé à Rabat, et sur les engagemens que nous avons pris, ou plutôt, nous l’espérons bien, que nous n’avons pas pris avec le Sultan. Le cercle dans lequel nous pouvons l’aider est extrêmement restreint : dès lors pourquoi nous jeter, en quelque sorte, à son cou, et nous exposer, soit à lui donner des illusions, soit à entrer nous-mêmes dans la voie des surprises ? Celles du passé nous suffisent : nous n’avons aucune impatience d’en rencontrer de nouvelles.