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Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 42.djvu/259

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heures. Quelques heures auparavant, nous avions appris que son état ne laissait plus d’espoir. La nouvelle est soudaine et très imprévue, et, naturellement, nous serions très désireuse d’avoir des détails. Sa mort, en un moment comme celui-ci, ne peut que nous produire une singulièrement forte impression ; et seul, Celui qui sait tout peut prévoir quelles en seront les conséquences. Bien que l’Empereur soit mort, alors qu’il était notre ennemi, je n’ai pas oublié les jours heureux d’autrefois, et personne plus que moi n’a regretté qu’il ait provoqué cette triste guerre. C’est à vous que je dois demander d’exprimer à la pauvre Impératrice et à toute la famille mes condoléances très émues. Je ne puis le faire officiellement, mais vous, mon amie bien-aimée, vous pourrez certainement les transmettre à votre belle-sœur aussi bien qu’au nouvel Empereur, de manière à ne pas me compromettre. Je désire profondément et sincèrement exprimer ces sentimens. A votre chère et honorée mère, transmettez, je vous prie, mes condoléances pour la mort de son frère…


La reine Victoria au roi des Belges.


Château de Windsor, 17 avril 1855.

Mon très cher oncle,

Je sais que vous aurez la bonté de m’excuser si je ne vous fais pas la description de tout ce qui s’est passé et se passe… L’impression est très favorable[1]. Il y a un grand charme dans les manières calmes et franches de l’Empereur, et elle est très agréable, très gracieuse et fort simple, mais bien délicate. Elle est certainement extrêmement jolie, d’une beauté peu banale. L’Empereur parla de vous très aimablement. Le public les reçut avec un immense enthousiasme…


La reine Victoria au roi des Belges.


Buckingham Palace, 19 avril 1855.

Mon très cher oncle,

Je n’ai pas un moment à moi, étant naturellement absolument absorbée par mes hôtes impériaux, avec lesquels je me plais

  1. L’empereur et l’impératrice des Français arrivèrent le 16 avril pour rendre visite à l’Angleterre.