beaucoup et qui réellement se conduisent avec le plus grand tact. L’investiture s’est très bien passée, et aujourd’hui, nous venons de Windsor, l’enthousiasme des milliers de gens qui l’acclament dans la Cité était indescriptible. Il est enchanté. Depuis mon couronnement, à l’exception de l’ouverture de la grande Exposition, je ne me souviens de rien de semblable. Ce soir, nous allons en gala à l’Opéra. En hâte, toujours votre nièce dévouée.
Buckingham Palace, 24 avril 1855.
Mon très cher oncle,
… La grande visite est finie, tel un rêve brillant et heureux, et j’espère que l’effet produit sur nos visiteurs sera excellent et ne s’effacera pas de sitôt : ils ont vu dans notre réception et celle de la nation rien d’artificiel, mais un accueil chaleureux et sincère fait à un fidèle et sûr allié. Je crois que cette visite sera également très utile à la Belgique, car elle n’a pu qu’augmenter les sentimens d’amitié de l’Empereur envers mon cher oncle, et envers un pays auquel l’Angleterre prend un si vif intérêt…
Palais des Tuileries, le 25 avril 1855.
Madame et bonne sœur,
A Paris depuis trois jours, je suis encore auprès de Votre Majesté par la pensée, et mon premier besoin est de lui redire combien est profonde l’impression que m’a laissée son accueil si plein de grâce et d’affectueuse bonté. La politique nous a rapprochés d’abord, mais aujourd’hui qu’il m’a été permis de connaître personnellement Votre Majesté, c’est une vive et respectueuse sympathie qui forme désormais le véritable lien qui m’attache à elle. Il est impossible, en effet, de vivre quelques jours dans votre intimité sans subir le charme qui s’attache à l’image de la grandeur et au bonheur de la, famille la plus unie. Votre Majesté m’a aussi bien touché par ses prévenances délicates envers l’Impératrice, car rien ne fait plus déplaisir que de voir la personne qu’on aime devenir l’objet d’aussi flatteuses attentions.
Je prie Votre Majesté d’exprimer au prince Albert les