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Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 42.djvu/285

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pourtant ne serait guère propice, en raison des réceptions et des soirées annoncées à Londres, des travaux du Parlement, de la saison qui bat son plein, et du peu de jours qui vont séparer la visite du Grand-Duc du retour de la Reine en ville. La seconde moitié de juillet, qui est l’époque à laquelle la Reine se trouvera ici comme de coutume, et qui est également la saison du yachting, pourrait paraître à l’Empereur le meilleur, étant le moins forcé.

Je ne doute pas qu’on ne tire grand bien de nouveaux rapports avec l’Empereur. La seule chose qui soit à craindre, c’est qu’il ne désire nous amener à sa manière devoir au sujet d’un remaniement de l’Europe, et qu’il soit désappointé de ce que nous ne soyons pas à même de donner notre assentiment à ses plans et à ses aspirations.


La reine Victoria au comte de Derby.


Château de Windsor, 13 janvier 1859.

Le Cabinet devant prochainement se réunir, et prendre une décision au sujet du budget de l’année courante, la Reine croit qu’il est de son devoir de faire part aux ministres de sa conviction absolue que, vu l’aspect actuel des affaires politiques en Europe, l’honneur, la puissance, la paix de ce pays ne seront à l’abri de toute atteinte que si les forces militaires et navales sont imposantes. Les efforts extraordinaires entrepris en France pour améliorer la flotte doivent nous inciter à faire tout notre possible pour maintenir notre supériorité sur mer dont notre vie même dépend. Dès maintenant, notre avance n’existerait pas, si la France venait à s’allier à une puissance ayant elle aussi une marine[1]

L’Angleterre ne sera point écoutée en Europe, et sera impuissante à faire respecter la paix, — ce qui doit être son principal objectif dans les circonstances actuelles, — s’il est reconnu que ses ressources militaires sont d’une faiblesse méprisable. Enfin, si

  1. L’empereur des Français venait de prononcer des paroles de mauvais augure. Il dit à M. de Hübner, l’ambassadeur autrichien venu avec le corps diplomatique lui offrir les félicitations habituelles à l’occasion du nouvel an : « Je regrette que les relations entre nos deux Gouvernemens ne soient pas plus satisfaisantes : mais je vous demande d’assurer votre Empereur qu’elles n’altèrent en rien mes sentimens d’amitié envers lui. »