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Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 42.djvu/293

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La reine Victoria à l’empereur des Français.


Château de Windsor, 31 décembre 1859.

Sire et mon cher frère,

Je viens comme de coutume offrir à Votre Majesté nos félicitations bien sincères à l’occasion de la nouvelle année. Puisse-t-elle ne vous apporter que du bonheur et du contentement ! L’année qui vient de s’écouler a été orageuse et pénible et a fait souffrir bien des cœurs. Je prie Dieu que celle dans laquelle nous entrons nous permette de voir s’accomplir l’œuvre de la pacification, avec tous ses bienfaits pour le repos et le progrès du monde. Il y aura encore à réconcilier bien des opinions divergentes et des intérêts apparemment opposés ; mais avec l’aide du Ciel et une ferme résolution de ne vouloir que le bien de ceux dont nous avons à régler le sort, il ne faut pas en désespérer…

Le prince me charge d’offrir ses hommages les plus affectueux à Votre Majesté et en vous renouvelant les expressions de ma sincère amitié, je me dis, Sire et mon cher frère, de Votre Majesté Impériale, la bonne et affectionnée sœur et amie.


Le roi des Belges à la reine Victoria.


Laeken, 6 janvier 1860.

Ma très chère Victoria,

… Louis-Napoléon désirait un Congrès, parce qu’il aurait placé une nouvelle autorité entre lui et les Italiens, qu’il craint évidemment, en raison de leur goût pour assassiner les gens. Le pamphlet « le Pape et le Congrès » reste incompréhensible[1] : il lui fera beaucoup de tort et le privera de la confiance des catholiques, qui ont été en France ses plus dévoués soutiens. Maintenant que le Congrès est ajourné, qu’est-ce que l’on va faire de l’Italie ? On dit qu’il y aura un arrangement, suivant lequel le Piémont recevrait davantage,

  1. Le fameux pamphlet, publié sous le nom de M. de La Guéronnière, exposait les vues de l’Empereur et proposait de retirer ses États au Pape, Rome excepté. Sa publication fut cause de la démission du comte Walewski, auquel succéda M. Thouvenel.