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la France aurait la Savoie, et l’Angleterre la Sardaigne. Je suis certain que l’Angleterre ne désire en aucune façon posséder la Sardaigne. J’aurais grand plaisir à connaître ce que lord Cowley a dit de tout cela. Je sais que Louis-Napoléon est en ce moment très occupé de l’Allemagne et étudie ses ressources. C’est un peu alarmant, car il me semble qu’il a procédé de la même façon avec l’Italie. Les Prussiens peuvent dire : Gare la bombe ! On ne peut pas comprendre pourquoi Louis-Napoléon use de tant de bizarres subterfuges alors que s’il avait agi franchement, depuis septembre, tout serait arrangé. Je dois dire que j’ai trouvé Walewski à ce moment-là très sensé et très conservateur. Sa démission va donner l’impression qu’on suivra maintenant une politique moins conservatrice et les gens en seront très alarmés. Je connais Thouvenel, il m’a plu, mais c’était au temps du pauvre Roi. Je suppose qu’en Angleterre sa nomination ne causera pas la moindre joie, car il a été à même de contrecarrer les visées anglaises en Orient…


La reine Victoria au roi des Belges.


Buckingham Palace, 8 mai 1860.

Mon très cher oncle,

Vraiment, c’est par trop mal. Aucun pays, ni aucun être humain ne rêverait jamais de troubler ou d’attaquer la France ; chacun serait heureux de la voir prospère ; mais elle a absolument besoin de bouleverser chaque partie du globe, d’essayer de semer la discorde et de tirer tout le monde par les oreilles : naturellement, cela se terminera un jour par une véritable croisade contre le perturbateur du monde entier ! C’est vraiment monstrueux !…


L’empereur des Français à la reine Victoria.


Paris, le 31 décembre 1860.

Madame et très chère sœur,

Je ne veux pas laisser cette année s’écouler sans venir porter à Votre Majesté l’expression de mes souhaits pour son bonheur et celui du Prince et de sa famille. J’espère que l’année qui va commencer sera heureuse pour nos deux nations, et qu’elle verra