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encore nos liens se resserrer. L’Europe est bien agitée, mais, tant que l’Angleterre et la France s’entendent, le mal pourra se localiser.

Je félicite Votre Majesté du succès que nos deux armées ont obtenu en Chine ; laissons toujours nos étendards unis ; car Dieu semble les protéger.

J’ai bien envié l’Impératrice qui a pu vous faire une visite et revoir votre charmante famille ; elle en a été bien heureuse.

Je saisis avec empressement cette occasion de renouveler à Votre Majesté les sentimens de haute estime et de sincère amitié avec lesquels je suis, de Votre Majesté, le bon frère.


La reine Victoria à l’empereur des Français[1].


Osborne, 3 janvier 1861.

Sire et cher frère,

Les bons vœux que Votre Majesté veut bien m’exprimer à l’occasion de la nouvelle année me sont bien chers, et je vous prie d’en accepter mes remerciemens sincères, ainsi que l’expression des vieux que je forme pour le bonheur de Votre Majesté, de l’Impératrice et de votre cher enfant ; le prince se joint à moi dans ces sentimens.

Votre Majesté a bien raison si elle regarde avec quelque inquiétude l’état agité de l’Europe, mais je partage aussi avec elle le ferme espoir que le mal peut être beaucoup amoindri, tant que la France et l’Angleterre s’entendent, et j’y ajouterai tant que cette entente a pour but désintéressé de préserver au monde la paix et à chaque nation ses droits et ses possessions, et d’adoucir des animosités qui menacent de produire les plus graves calamités, des guerres civiles et des luttes de races. La bénédiction de Dieu ne manquera pas à l’accomplissement d’une tache aussi grande et sacrée.

Je me réjouis avec Votre Majesté des glorieux succès que nos armées alliées viennent d’obtenir en Chine, et de la belle paix que ces succès ont amenée. Elle sera féconde, je l’espère, en bienfaits pour nos deux pays, aussi bien que pour ce peuple bizarre que nous avons forcé à entrer en relations avec le reste du monde.

  1. Ces deux lettres sont en français dans le texte. (N. d. t.)