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de plus en plus les ambitions et l’activité de la finance et de l’industrie allemandes. Le pays est d’une richesse latente presque indéfinie ; il ne s’agit que d’en organiser la mise en valeur.

Les financiers allemands ont pour maxime que les banques doivent précéder le commerce et l’attirer en lui facilitant les transactions et en organisant le crédit. Aussi a-t-on vu les grandes sociétés qui se sont faites les patronnes de l’expansion germanique (telles la Deutsche Bank, la Diskonto Gesellschaft, la Dresdner Bank, etc.) essaimer au loin, soit des succursales, soit des filiales indépendantes. Dès que les affaires augmentent, ces banques se multiplient elles-mêmes par division, sans que les nouveaux établissemens cessent de se sentir solidaires des anciens. En Orient, dès l’époque du voyage de l’empereur Guillaume II en Palestine, fut créée la Deutsche Palästina Bank, au capital de 450 000 marks, destinée à faciliter les opérations de commerce et de change en Palestine : elle eut des succursales à Jérusalem, Jaffa et Caïffa. En 1904, apparut l’Orient Bank, fondée à Athènes par la National Bank für Deutschland, et la Banque nationale de Grèce, au capital de 10 millions de francs or, avec des succursales à Constantinople, Salonique, Monastir, Smyrne, Alexandrie, le Caire, Hambourg. Elle se fondit, en 1905, avec la Palästina Bank, dont les affaires n’avaient pas été brillantes. Mais les Allemands ne tardèrent pas à s’apercevoir des inconvéniens d’une collaboration hellénique et voulurent avoir à Constantinople une banque purement allemande. L’Orient Bank resta à Athènes et garda les succursales, sauf celle de Hambourg, et, à Constantinople, elle céda la place à une nouvelle venue. La Deutsche Orient Bank, fondée, au capital de 20 millions de francs, par un syndicat de banques allemandes, parmi lesquelles la Dresdner Bank, la Schaffhausenscher Bankverein et la National Bank für Deutschland, ouvrit ses guichets le 31 janvier 1906 ; elle a des succursales à Brousse, le Caire, Alexandrie, Hambourg, Téhéran ; elle va en ouvrir une à Bagdad. Deux des administrateurs de l’Orient Bank, MM. Streit, gouverneur de la Banque nationale d’Athènes, et Léon Zarifi, banquier à Constantinople, font partie du conseil d’administration de la nouvelle société. Ainsi s’étend le réseau financier allemand. Si l’on songe qu’il y a peu d’années, les commerçans de l’Empire n’avaient pas, en Orient, de banque nationale et s’adressaient surtout aux maisons autrichiennes, un tel essor paraîtra significatif.