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services en mai 1906 avec cinq paquebots, anciens cargo-boats aménagés pour le service des voyageurs (Galata, Thérapia, Scutari, Péra, Stamboul) ; leur point de départ est Marseille et Gênes, et ils suivent exactement, une fois par semaine, jusqu’à Batoum et Odessa, l’itinéraire de nos paquebots des Messageries par Naples, le Pirée, Smyrne, Constantinople. A Naples, les lignes allemandes correspondent avec un service de la Hambourg-Amerika qui emporte directement les émigrans vers le Nouveau Monde, tandis que nos compagnies françaises sont obligées de les amener à Marseille et d’établir un forfait avec la Transatlantique et les compagnies de chemins de fer qui les transportent au Havre. En outre, les bateaux des Messageries ne touchent au Pirée que tous les quinze jours ; une semaine sur deux les vapeurs allemands se trouvent seuls. Enfin la Hambourg-Amerika a inauguré, le 23 octobre 1906, un service rapide de Gênes à Alexandrie par le paquebot Oceania ; le voyage a lieu tous les quinze jours, excepté pendant la saison d’Egypte (15 janvier-15 avril), où le service est hebdomadaire. Des trains spéciaux correspondent à Gênes avec les départs et conduisent en moins de quatre jours les voyageurs de Berlin à Alexandrie. La même compagnie a créé pour les émigrans une ligne de Gênes à La Plata. Les compagnies allemandes ont conclu un accord et combinent leurs billets et leurs tarifs avec le service maritime roumain dont les beaux bateaux vont de Constantza à Alexandrie ; elles ont aussi conclu des ententes avec le service fluvial roumain et la compagnie serbe qui dessert la Drave et la Save.

Ainsi s’étend, sur toute la Méditerranée, un réseau serré de lignes allemandes. Sans doute leurs bénéfices, quand elles en font, sont maigres ; mais, pour le moment, elles ne songent qu’à s’implanter. Les Allemands estiment que le bateau crée le fret et ils espèrent, en montrant partout leurs couleurs, habituer la clientèle à s’adresser à eux. Ils mènent contre leurs concurrens une dangereuse guerre de tarifs. Les compagnies françaises ont dû abaisser leur fret depuis la naissance de la Mittelmeer ; les cocons, par exemple, qui payaient 20 francs par 100 kilogrammes de Batoum à Marseille, n’en paient plus que 15 ; les Messageries, la Compagnie Paquet, la Compagnie Fraissinet, qui desservent l’Orient, se sont syndiquées pour faire 10 pour 100 de ristourne aux expéditeurs qui chargent sur leurs bateaux. Nos compagnies s’imposent ainsi des sacrifices considérables pour