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Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 42.djvu/372

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celui qui étudie les positions respectives des grandes puissances dans le Levant ; mais ne voir, comme on y est naturellement enclin, dans l’ensemble du spectacle, que l’activité un peu indiscrète de ces nouveaux venus, ce serait singulièrement dénaturer l’effet d’ensemble et fausser la vérité des perspectives.

A côté de la croissance insolite des intérêts et de la puissance allemande en Turquie et des efforts de l’Italie pour s’y créer un champ d’expansion, il convient d’abord de tenir compte du progrès moins rapide, mais régulier et continu, du commerce et de la navigation d’autres nations. Ce sont d’abord les États de la péninsule des Balkans, la Roumanie et la Grèce, par exemple, dont les lignes de navigation enlèvent une part importante du trafic dans la Méditerranée orientale et la Mer-Noire. C’est encore et surtout l’Autriche et la Hongrie. Trieste et Fiume sont réunies par des services maritimes réguliers à Constantinople et aux Echelles du Levant. L’Autriche-Hongrie est au second rang pour la navigation dans les ports ottomans, au second rang aussi, avec l’Allemagne, parmi les pays fournisseurs de la Turquie[1]. Elle a presque le monopole de la vente des sucres que les bateaux du Lloyd austro-hongrois apportent hebdomadairement dans le Levant ; le sucre autrichien fond plus difficilement, sucre moins et est plus mal emballé que celui de Marseille, mais il est moins cher, et cela suffit pour qu’il règne presque sans partage (33 742 000 francs en 1905 sur une vente totale de 38 765 000 francs). Les Belges cherchent à faire travailler leurs capitaux dans l’Empire ottoman ; ils sont notamment concessionnaires de la plupart des Sociétés de tramways urbains.

Beati possidentes. Jadis, l’influence politique et économique de la France et de la Grande-Bretagne étaient sans rivales à Constantinople ; dans les ports du Levant, leurs pavillons et leurs marchandises apparaissaient presque seuls. Elles doivent se résigner à faire une place à des concurrens impatiens et bien organisés. Toutefois, les progrès de nos rivaux n’empêchent ni les Anglais, ni nous-mêmes, de conserver encore en Orient une

  1. COMMERCE AUSTRO-TURC
    1900 1905
    Importations ottomanes en Autriche-Hongrie 41 924 000 44 172 000
    Exportations austro-hongroises en Turquie 63 618 000 65 518 000

    La Hungarian Levant Steamship C° a créé en 1906 deux nouvelles lignes partant d’Anvers, l’une pour Constantinople et le Danube, l’autre pour Alexandrie et Smyrne.