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de Gobineau a été réelle, bien qu’assez inaperçue jusqu’à présent par la plupart, peut-être exagérée en revanche par certains fervens peu discrets.


Et encore :


Nous verrons que, continuant les capricieuses directions de son allure désinvolte, ou, du moins, établissant parallèlement aux méandres de sa pensée la direction de leur cours, ont coulé maints ruisseaux séduisans de la pensée contemporaine, parfois grossis en torrens impétueux par le tribut des tendances politiques du jour ou par l’afflux des causes économiques profondes (p. 446).


Soit ! Mais retenons encore que l’idée de l’impérialisme de race en général, et celle en particulier de l’impérialisme aryan, n’est pas démontrée, et n’a été qu’une conception dont un esprit synthétique et puissant s’est aidé pour circuler à travers l’histoire et la préhistoire.


II

Après avoir défini la philosophie de l’Impérialisme dans son plus large essor, — celui de la race, — M. Seillière est brusquement descendu à en rechercher les fondemens psychologiques. C’est du moins ainsi, me semble-t-il, qu’on peut interpréter son second volume, Apollon ou Dionysos, consacré tout entier à l’œuvre de Nietzsche. Peut-être regrettera-t-on qu’au lieu d’accepter la terminologie symbolique et confuse qui, comme le titre l’indique, rappelle constamment des mythes antiques dont le sens prête à l’exégèse, M. Seillière n’ait pas adopté un vocabulaire plus accessible, et cherché ainsi à rendre plus claire une pensée qui ne l’est pas toujours. Il écrira, par exemple : « Il [Nietzsche] n’a pas vu que,… et nous l’avons dit, en complétant la philosophie de l’histoire qu’il avait esquissée dans sa jeunesse, on pourrait voir dans l’ère chrétienne une huitième époque éthique, caractérisée par une heureuse fusion du dionysisme et de l’apollinisme, sous les auspices de la Bonne nouvelle palestinienne ; l’apollinisme stoïcien formant dans le mélange la part de prédilection des forts et des sains ; le dionysisme atténué, ou mysticisme attendri, y gardant quelque place en faveur des faibles et des souffrans (p. 213). » Nous comprendrons, sans doute, étant familiarisés avec ce langage, mais nous souhaiterions que cela fût dit autrement.