ils se sont engagés à ne pas abandonner le comte de Trapani, aussi longtemps qu’il aurait quelque chance de réussir dans sa cour. Je répondis que nous assisterions à cette tentative : nous n’avions aucune objection contre le comte de Trapani, et ne prendrions point parti contre lui ; mais, à moins que le gouvernement et le peuple espagnol ne le désirassent formellement, nous ne saurions en aucune manière encourager ce mariage, car nous étions sincèrement d’avis que l’Espagne ne le souhaitait pas et, dans ces conditions, nous ne voyions rien dans le projet qui méritât notre appui. Le Roi et Guizot reprirent tous deux qu’ils n’avaient aucune objection à faire au comte de Séville[1], don Henri, et qu’ils le soutiendraient volontiers, si le comte de Trapani était reconnu impossible.
A l’égard de l’Infante, ils déclarèrent tous deux, de la manière la plus positive et la plus explicite, que, jusqu’à ce que la Reine fût mariée et eût des enfans, ils considéreraient l’Infante exactement comme sa sœur, et que tout mariage avec un prince français serait entièrement hors de question. Le Roi déclara qu’il ne souhaitait pas que son fils eût la perspective de monter sur le trône d’Espagne, mais que si la Reine avait des enfans, par lesquels la succession serait assurée, il ne s’engagerait pas à interdire à son fils de recueillir l’important héritage que l’Infante lui apporterait. Tout ceci, cependant, est incertain, et, en tout cas, demandera du temps pour s’accomplir, car j’ai nettement compris que ce n’était pas seulement un mariage et un enfant, mais des enfans, qui seraient nécessaires pour assurer la succession.
Je pense que c’est tout ce que nous pouvions désirer pour l’instant, et que l’examen d’un mariage avec un prince français peut être sans inconvénient ajourné jusqu’au moment où l’éventualité, à laquelle on songe, se sera réalisée.
Bien des choses peuvent arriver en France ou en Espagne dans le cours de quelques années, qui modifieront cette question d’une manière que l’on ne peut prévoir maintenant.
- ↑ Le plus jeune fils de don François de Paule, et premier cousin de la reine Isabelle par son père et par sa mère.