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écrire, mais que j’aurai le bonheur de vous dire de vive voix que je suis toujours votre nièce dévouée.


La reine Victoria au roi des Belges.


À bord du Victoria and Albert, port de Falmouth, 7 septembre 1846.

Mon très cher oncle,

… En décidant le mariage de la reine d’Espagne et celui de Montpensier simultanément, on a commis une infamie, et nous aurons à protester. Guizot a eu l’impudence de dire à lord Normanby que, bien qu’ils aient déclaré autrefois que Montpensier n’épouserait l’Infante que lorsque la Reine serait mariée et aurait des enfans, l’indication de Léopold comme candidat possible avait tout changé et qu’il fallait maintenant régler l’affaire ! Ceci est trop fort. Nous avons poussé l’honnêteté jusqu’à presque empêcher le mariage de Léo, qui aurait pu se conclure, et lord Palmerston, étant donné la tournure prise par les événemens, regrette beaucoup qu’il n’ait pas eu lieu. Et, pour nous remercier, on agit déloyalement en décidant simultanément deux mariages qui n’ont rien, qui ne devraient rien avoir l’un avec l’autre. Il faut que le Roi sache que nous sommes extrêmement indignés, et que ce n’est pas en agissant ainsi qu’il maintiendra l’entente qu’il désire. En outre, les procédés ont été très peu honnêtes. Je dois rendre ce témoignage à lord Palmerston qu’il prend l’incident avec beaucoup de calme et agira avec modération.

Je m’arrête. Toujours votre nièce dévouée.


La reine des Français à la reine Victoria.


Neuilly, 8 septembre 1846.

Madame,

Confiante dans cette précieuse amitié dont Votre Majesté nous a donné tant de preuves et dans l’aimable intérêt que vous avez toujours témoigné à tous nos enfans, je m’empresse de vous annoncer la conclusion du mariage de notre fils Montpensier avec l’Infante Louisa Fernanda. Cet événement de famille nous comble de joie, parce que nous espérons qu’il assurera le bonheur de notre fils chéri, et que nous retrouverons dans l’Infante