Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 42.djvu/47

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

une fille de plus, aussi bonne et aussi aimable que ses aînées, et qui ajoutera à notre bonheur intérieur, le seul vrai dans ce monde, et que vous, madame, savez si bien apprécier. Je vous demande d’avance votre amitié pour notre nouvel enfant, sûre qu’elle partagera tous les sentimens de dévouement et d’affection de nous tous pour vous, pour le prince Albert et pour toute votre chère famille. Madame, de Votre Majesté, la toute dévouée sœur et amie.


La reine Victoria à la reine des Français.


Osborne, 10 septembre 1846.

Madame,

Je viens de recevoir la lettre de Votre Majesté du 8 de ce mois, et je m’empresse de vous en remercier. Vous vous souviendrez peut-être de ce qui s’est passé à Eu entre le Roi et moi ; vous connaissez, Madame, l’importance que j’ai toujours attachée au maintien de notre entente cordiale, et le zèle avec lequel j’y ai travaillé ; vous avez appris sans doute que nous nous sommes refusés d’arranger le mariage entre la reine d’Espagne et notre cousin Léopold (que les deux reines avaient vivement désiré), dans le seul dessein de ne pas nous éloigner d’une marche qui serait plus agréable à votre Roi, quoique nous ne pouvions (sic) considérer cette marche comme la meilleure. Vous pourrez donc aisément comprendre que l’annonce soudaine de ce double mariage ne pouvait nous causer que de la surprise et un bien vif regret.

Je vous demande bien pardon de vous parler de politique dans ce moment, mais j’aime pouvoir me dire que j’ai toujours été sincère envers vous.

En vous priant de présenter mes hommages au Roi, je suis, Madame, de Votre Majesté, la toute dévouée sœur et amie.


La reine Victoria au roi des Belges.


Osborne, 14 septembre 1846.

Mon très cher oncle,

… Nous sommes, hélas ! tristement absorbés par ces mariages espagnols qui, bien qu’ils ne puissent amener la guerre (car les Anglais s’intéressent très peu à cette affaire), causeront des