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RICHARD III
DANS LE DRAME ET DEVANT L'HISTOIRE

Richard III a-t-il été calomnié ? Ce modèle accompli de toutes les hypocrisies et de toutes les scélératesses, ce monstre qui nous terrifie et nous fascine, don Juan, Tartufe et Caligula sous la forme de Quasimodo ou de Caliban, fut-il, en réalité, un bon roi et un brave homme, attaché à son devoir, à sa femme et à son peuple, capable d’un acte de rigueur, quand la justice le réclamait ou quand l’exigeait l’intérêt de l’État, mais incapable d’un crime, en un mot, non le pire, mais le meilleur souverain d’un temps où l’humanité, la morale et le droit pesaient d’un poids bien léger dans les actions des princes ?

Telle est la question que vient de soulever sir Cléments Markham dans un livre qui a, tout au moins, le mérite d’être curieux et neuf, et dont la lecture est fort agréable[1]. Sir Cléments Markham conclut son plaidoyer, — car c’en est un ! — en demandant la réhabilitation de son client. Avant d’exposer et de critiquer la thèse, il faut dire un mot de l’historique du problème qui n’est pas absolument nouveau, rappeler par quelles accrétions successives s’est formée cette physionomie imposante et sinistre, et comment naquirent les premiers doutes élevés sur son authenticité par les devanciers de sir Cléments Markham.


I

D’abord, reportons-nous au lendemain de la bataille de Bosworth, qui avait mis fin, en 1485, au règne et à la vie de Richard.

  1. Sir Cléments R. Markham, Richard III, his Life and Character.