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Le roi des Belges à la reine Victoria.


Laeken, 12 février 1848.

Ma très chère Victoria,

… Les nouvelles de Paris sont inquiétantes ; les libéraux luttent pour le triomphe des radicaux, en réalité simplement pour se hisser au pouvoir ; les principes sont hors de question. Cet état de choses réagit d’une façon lamentable sur la prospérité de la grande communauté européenne. On se plaint beaucoup de ce que les classes ouvrières soient sans travail, et en même temps on continue l’agitation politique, qui doit avoir pour effet d’arrêter les transactions de toutes sortes. La race humaine est une triste chose : j’espère que les autres planètes sont mieux organisées et que nous pourrons y aller plus tard… Votre oncle dévoué.


Le roi des Belges à la reine Victoria.


Laeken, 26 février 1848.

Ma très chère Victoria,

Je suis très souffrant à la suite des terribles événemens de Paris. Comment cela finira-t-il ? La pauvre Louise est dans un état de désespoir qui fait peine à voir. Que deviendrons-nous bientôt ? Dieu seul le sait ; de grands efforts vont être tentés pour provoquer ici une révolution ; comme il y a des pauvres et des méchans dans tous les pays, cela peut réussir.

Nous avons naturellement le droit de demander protection, contre la France, à l’Angleterre et aux autres Puissances. Je ne puis en écrire plus long. Dieu vous bénisse ! Toujours votre oncle dévoué.


La reine des Belges à la reine Victoria.


Bruxelles, 28 février 1848.

Ma chère et bien-aimée Victoria,

Quel malheur ! Quelle terrible, écrasante, inattendue et inexplicable catastrophe ! Est-il possible que nous soyons témoins de tels événemens, et que presque dix-huit ans d’efforts