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JULIAN KLACZKO

Le noble écrivain, l’historien savant et perspicace dont je désire ici retracer la vie et rappeler les écrits, Julian Klaczko, correspondant de l’Académie des sciences morales et politiques, était né à Vilna, l’ancienne capitale de la Lithuanie, le 6 novembre 1828. Il fit de fortes études à Kœnigsberg, puis à Heidelberg et à Iéna, d’où il sortit en 1848, avec le grade de docteur en philosophie. De son passage dans les Universités allemandes il avait gardé tout particulièrement le goût d’Homère dont il savait et récitait à l’occasion les plus beaux vers. Il possédait merveilleusement, outre le polonais, sa langue natale, le français, l’allemand et l’italien. Cette dernière langue lui fit aimer particulièrement Dante, qu’il confondait dans le même culte qu’Homère. C’était plaisir de l’entendre commenter les plus beaux passages de la Divine Comédie. Il était lié avec le célèbre historien Gervinus dont il avait été le disciple, mais il garda vis-à-vis de lui, comme de tous les autres, sa pleine indépendance d’esprit et de jugement. Après avoir collaboré quelque temps à la Deutsche Zeitung, il se mêla, en avril 1848, aux agitations politiques qui tendaient à rendre aux Polonais de Galicie une sorte d’autonomie et à leur accorder diverses réformes, et après l’échec de ces tentatives, il fut compris dans la répression organisée par le gouverneur comte Stadion, arrêté, emprisonné, puis exilé. Il vint à Paris en 1849 et là, tout en donnant pour vivre des leçons de littérature et de droit politique à de jeunes nobles polonais exilés comme lui, il entreprit des travaux littéraires et historiques qui devaient faire sa réputation. Il espérait