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Cependant, un moment encore, — c’était en 1878, après le traité de San Stefano, — il consacra trois articles aux évolutions du problème oriental. Il étudia en érudit, en savant, en philosophe l’éternelle question d’Orient. Il la saisit au moment solennel de la prise de Constantinople en 1453, la suivit dans ses rapports avec les puissances catholiques, la Papauté, la France et l’Espagne, puis avec la Russie et l’Allemagne, puis avec la France du premier Empire et avec l’Angleterre. L’entrée des Russes dans un des faubourgs de Constantinople et la paix de San Stefano qu’il qualifiait de « monstrueuse, » lui semblaient avoir réveillé la vieille Angleterre et ce qui restait encore de l’Europe profondément bouleversée et dévastée. Mais il comprenait bientôt que ses dernières espérances n’étaient que de vaines illusions, et profondément las et attristé, il se répandait en plaintes et en regrets amers. « Combien, depuis 1855, disait-il, les traditions d’équilibre européen, de solidarité entre les Etats, de respect dû aux traités sont allées en s’affaiblissant ! A la place de ces maximes surannées et taxées de préjugés sont venues s’établir les belles doctrines de guerres localisées, de sphères d’intérêts particuliers, de neutralité attentive, d’inaction magistrale et de la force primant le droit… On a vu l’action dissolvante de ces principes en Orient aussi bien qu’en Occident.., Non, non, il n’y a plus d’Europe ! »


Après cette étude sur le problème oriental, Klaczko se détourna tout à fait de la politique. Il revint aux travaux qui avaient enthousiasmé, illuminé sa jeunesse, aux grands poètes, aux grands artistes, aux grands Papes, aux chefs-d’œuvre des temps passés… Je viens de lire les dernières pages sorties de sa plume, les Causeries Florentines, la Renaissance et la Papauté, et je puis attester que j’ai été frappé de leur justesse et de leur élévation.

Les Quatre soirées Florentines sont composées dans le genre un peu vieilli des célèbres Soirées de Saint-Pétersbourg, c’est-à-dire en forme de dialogues. L’auteur suppose que, pour occuper les loisirs de ses invités à Florence, la comtesse Albina avait imaginé de faire avec eux des excursions journalières aux musées et aux églises de cette ville délicieuse. Les impressions recueillies pendant ces visites devenaient chaque soir le thème d’une conversation animée, souvent éloquente. Après un peu de