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considération des Musulmans de Genji, ou pour mieux dire de ces villages appelés Krichnapouram et Settipaléom dont l’ensemble constitue le Genji actuel, hors des murs qui n’enclosent que des ruines désertes.

Au reste, tous ces villages ont tellement changé de place que l’on ne roussit guère à retrouver celles qu’ils ont occupées depuis deux siècles, sans plus. Toujours ils ont tendu à remonter vers le Nord-Est. Au milieu du XVIIIe siècle le Pettou ou ville de Genji suivait exactement la ligne orientale de la première enceinte, du Chandraja Dourgan à la Batterie royale. A l’entrée de cette ville, assez considérable, se trouvait un grand enclos avec, en son centre, la pagode dite des Brahmes voyageurs dont il faut renoncer à retrouver les débris. À ce Pettou de Genji le petit village de Krichnapouram se rejoignait au Nord-Est par une avenue. C’était un bourg très peu considérable et qui avait emprunté son nom (bourg de Krichna) au monticule fortifié, le Krichnaghiri, qui le dominait à l’Ouest. Aujourd’hui Krichnapouram a pris toute l’importance de la vieille ville rasée. Une mission catholique y est installée, et la bienfaisante influence d’un Père français donne à ce coin désolé quelque apparence d’ordre et de prospérité. Sous le toit hospitalier, tout voyageur est sûr de trouver un bon accueil, des soins et des renseignemens. Mais là-dessus je m’étendrai par la suite.

Du bengalow des voyageurs à la porte de la grande enceinte, des ruines de tous styles jonchent la plaine accidentée qui s’étend entre le lit presque desséché de la rivière et la route de Tirnamallé. Les petits édifices musulmans et les kiosques élégans des Djaïnas ont parfois défié l’action du temps. Parmi les gros blocs de gneis grisâtre dont les alignemens font songer à une moraine glacière, on rencontre ces colonnes grêles, ouvragées, qui, par quatre ou six, soutiennent un dôme étage à corniches en surplomb. Des sculptures il ne reste plus trace. Depuis les incursions des Mahrattes, la conquête musulmane, les guerres des Anglais et des Français, les monumens ornés ont passé par des fortunes trop diverses pour qu’une seule cause de destruction leur ait été épargnée. Lorsque, à la fin du XVIIIe siècle, la paix fut à peu près assurée, ce furent les pâtres et les touristes qui achevèrent l’œuvre du vandalisme. Les Djaïnas de Sittamour sauvèrent cependant quelques belles statues et divers ensembles d’architecture. Ils les achetèrent et les transportèrent