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que fut Genji et quelle est son assiette. Ce que l’on entend sous ce nom, est un espace triangulaire dont chacun des trois angles s’élève au-dessus de la plaine accidentée et surélevée elle-même de deux à trois cents mètres au-dessus du niveau de la mer.

Des monceaux dénudés de gneis, en blocs aux arêtes usées, aux contours mous et secs, composent les trois massifs ou s’amoncellent à leur pied. Ils rappellent, en grandes proportions, ces grès moutonnés dont notre forêt de Fontainebleau nous fournit en maints endroits le spectacle. Leur orientation s’accuse du Nord vers le Sud-Ouest. La colline la plus considérable, le Radjah-Ghiri, se présente obliquement à qui s’avance sur la route de Tirnamallé, et paraît chevaucher cette route qu’elle surplombe en vérité du Sud, c’est-à-dire à gauche. De ce massif central le profil figure assez exactement l’échine et le garrot d’un zébu, amputé de sa tête, suivant la comparaison classique adoptée par les archéologues indianisans. À gauche de la route, au Sud-Est, c’est la colline surbaissée du Krischna-Ghiri qui étale sa courbe irrégulière dont une concavité abrite le village et la mission. Sur la droite, vers le Sud-Ouest, s’allongent les flancs déclives du Chandraja Dourgan, au milieu d’un amas sauvage de rochers réunis par des ouvrages aussi importans que ceux du Radjah-Ghiri qu’ils rejoignent, mais en rampant sans fierté pour s’élever insensiblement par étages. Des chaînes de roches grisâtres ou d’un rose sale prolongent leurs chaînes d’éboulis entre ces saillies majeures, donnant l’impression grossière d’une moraine en demi-cercle, dont le Chandraja Dourgan et le monticule nu dressé sur le bord de la rivière figureraient les portions latérales. Mais il ne s’agit nullement là de blocs charriés par un glacier, voire par un torrent. Ce sont des accidens de terrain réduits à leur squelette, découverts par des phénomènes de ravinement, dissociés par les actions successives de pluies violentes et du dessèchement prolongé sous un soleil de feu. Et il faut aussi tenir compte de l’action du vent qui perche les blocs, les use sous la friction du sable, et aussi de la destruction des élémens végétaux fixatifs du sol. La dent des chèvres, là comme dans nos régions méditerranéennes, parfait l’œuvre de déboisement accomplie sans pitié par des races misérables. Où la rizière, le champ de millet ne peuvent s’établir, règne le pâtre. Sur les ruines accumulées par deux siècles de guerre, seul le menu bétail trouve encore sa vie, mais aux