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II

La crise économique que le monde traverse en ce moment mérite au plus haut point de fixer notre attention et d’être étudiée de près. Bien que les causes générales qui l’ont amenée rentrent dans le cadre de celles que nous venons d’exposer, elles ont revêtu une forme différente sous certains rapports de celles que le passé nous a appris à connaître ; la République des États-Unis, en particulier, a pris une part tellement considérable au mouvement commercial et à la production industrielle et agricole que c’est chez elle qu’il convient d’étudier la marche des événemens.

Au cours de 1906, la prospérité américaine atteignit un degré extraordinaire. Ce n’était du reste que le développement d’une situation qui, depuis longtemps, apparaissait aux yeux de tout observateur attentif et dont un petit nombre de chiffres suffisent à attester l’éclat. Les États-Unis fournissent en ce moment environ la moitié du fer et de l’acier, les deux cinquièmes du charbon, le tiers du plomb, les trois cinquièmes du cuivre, plus du quart du zinc, près du quart de l’or, plus de la moitié de l’argent, les trois quarts du coton, les trois cinquièmes du pétrole produit dans le monde. Ils exportent des céréales et de la viande en quantités considérables. Leur récolte en froment, maïs et avoine a été en 1906 de 4 627 millions de boisseaux, soit environ 1 600 millions d’hectolitres. Ils possèdent un réseau de chemins de fer de 360 000 kilomètres, supérieur d’environ 20 000 kilomètres à tous ceux de l’Europe réunis. Leur commerce extérieur à lui seul, qui ne représente qu’un bien faible volume par rapport à celui du commerce intérieur, se chiffre par plus de 15 milliards de francs, et les exportations en 1906 ont dépassé les importations de 2 700 millions de francs. Le budget fédéral 1906-1907 s’est soldé par un excédent de 300 millions de francs, et le capital de la Dette fédérale ne dépasse pas 11 milliards de francs : si on déduit de cette dette l’encaisse du Trésor qui contient l’un des plus gros stocks d’or du globe, elle n’atteint pas 5 milliards, fardeau léger pour une population de 85 millions d’habitans.

Nous pourrions continuer cette statistique et énumérer bien d’autres élémens encore d’une vitalité qui a rempli le monde d’étonnement et d’admiration. Elle s’est traduite à un moment